La question de l'Adriatique
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sol natal, ou mis à mort, tandis que les prisons sont remplies d’accusés politiques. Actuellement on enlève au peuple yougoslave tout moyen d'exprimer ses désirs; ses assemblées représentatives sont dissoutes; un grand nombre de ses députés sont en prison et soumis à la plus rigoureuse surveillance. Ceux de nos jeunes gens qui ont pu s'échapper, combattent dans les rangs des armées serbe et monténégrine. Nous, qui nous trouvions à l'étranger au moment de la déclaration de guerre, nous considérons comme notre devoir absolu de faire connaître au monde civilisé, et, avant tout, aux nations alliées, les aspirations et les sentiments véritables de notre peuple. Nos frères yougoslaves d'Amérique, réunis le mois de mars dernier, à Chicago, en un congrès de 563 délégués, ont adopté notre programme à l’unanimité. Serbes, Croates et Slovènes, nous désirons tous ardemment la victoire de la Triple Entente; nous attendons d'elle avec confiance le salut de la nation yougoslave. La certitude que la Triple Entente lutte pour le triomphe du principe des nationalités a donné aux Serbes et aux Monténégrins l'énergie morale qui a rendu possibles leurs efforts surhumains; elle a empêché leurs compatriotes d'Autriche de perdre complètement courage.
Pour les Serbes et les Monténégrins cette guerre est une guerre de légitime défense et d'émancipation, et non une guerre de conquêtes; ils luttent pour affranchir notre race d’un joug étranger et nous unir tous en une nation indépendante. La chute militaire et politique de l’Autriche-Hongrie mettra fin, une fois pour toutes, au système de « diviser pour régner » suivant lequel nos provinces sont gouvernées depuis des siècles. L'identité de la langue, la conscience nationale et les lois incontestables de la géographie font des Yougoslayes un peuple unique. Il faut qu'ils soient