La question de l'Adriatique

NOT

L'Autriche elle-même était assez déconcertée devant cette invasion pacifique. Que pouvaitelle faire? Sans doute elle essayait d'épuiser, par une lutte mutuelle, à la fois l'élément slave et l'élément italien, afin de faire prédominer sur leurs ruines l'élément germanique qui commençait à s'immiscer dans la lutte. Mais les faits déjouaient tout caleul. Le courant slave était si fort qu'il semblait destiné à détruire tous les obstacles qu’on aurait tenté de dresser devant lui. Peut-être, en dernière analyse, l’Autriche eut-elle fini, comme on le prédisait déjà, par se rallier à ce mouvement irrésistible et par essayer de l’absorber au lieu de le combattre. L'idée du trialisme, si souvent agitée au cours de ces dernières années, n’était que l’expression de cette tendance encore obscure, mais qui se précisait davantage chaque jour. Déjà, il fallait bien s’en rendre compte, la réalisation partielle du rêve de la Grande Serbie avait provoqué une sorte de choc dans le monde slave de l’AutricheHongrie. Le projet d'union serbo-monténé-

tion de 1943, pp. 37-40. — Il faut d'ailleurs ajouter que les Slaves d'Autriche-Hongrie contestent fortement la sincérité des recensements officiels. C’est ainsi qu’à Trieste, où ces recensements ne reconnaissent que 60.074 Slaves (y compris même les petites colonies polonaises, moraves, ruthènes, etc.), ceux-ci affirment qu'en réalité ils ne sont pas moins de 80.000.