La question du sel pendant la Révolution

XVII

Le gouvernement donnera des ordres aux entrepreneurs pour envoyer, dans les différents cantons de la Suisse, les quantités des sels nécessaires pour remplir ses engagements. Il fixera sur l’avis des directoires des départements, le prix de ceux qui seront délivrés à la consommation du pays, et les endroits où il conviendra de les transporter : enfin il prescrira aux entreprepreneurs d'exporter l’excédent et de le vendre à l’étranger, ou de le faire passer en d’autres cantons du royaume, lorsque les sels de mer y seront ou trop rare ou trop chers.

Les entrepreneurs doivent être tenus de faire, à leur frais, la garde, la livraison ou l'expédition des sels fabriqués ; il leur sera seulement payé une somme fixe par quintal pour ce transport dans les endroits où ils seront envoyés, en raison des distances, sans qu’ils puissent rien exiger au-delà, sous quel prétexte que ce puisse être.

SOUMISSION

Une association composée de personnes qui ont fait une étude particulière de l’exploitation des salines, dans les pays où elle est portée au plus haut degré de perfection, qui sont propriétaires de plusieurs salines, qui en ont établi de nouvelles dans différents pays de l’Europe, et qui se sont réunis sous la direction de M. de Beust, directeur général des salines en Pologne et en différents pays d'Allemagne !, offre d’appliquer aux salines de la Meurthe et du Jura les grandes connaissances qu’ils ont acquises dans ce

genre d’exploitation, par une longue expérience et des entreprises très considérables. Ils ignorent le résultat des comptes de la ferme générale; mais ils ont été nouvellement sur les lieux, ils ont vu les procédés qu’elle emploie, le peu d'économie qui règne dans toute la partie de son administration; et ils offrent, avec l’espérance de faire d'assez grands bénéfices, de régir les salines, de fournir la même quantité de sel que la ferme générale, de ne consommer

! La famille de M. de Beust est, depuis quatre-vingts ans, de père en fils, occupée d’entreprises de salines ; celui qui se présente pour exploiter celles du département de la Meurthe et du Jura, a fait preuve, en ce genre, de talents et d'expériences ; c’est par ses soins et industrie qu'ont été construites et améliorées les salines de Duremberg, Kœæsen, et Arthern, dans la Saxe électorale, où l’ancienne formation de soixante mille quintaux a été portée, sous sa direction, à deux cents quarante mille. Les salines de Turckheim et Theodorshall, dans Ze Palatinat; de Munster et Uffeln, dans la Basse-Saxe ; — d’Orb et de Wisselsheim, dans ?’Electorat de Mayence ; — de Bruchsal, dans l'évêché de Spire : — de Soulz, dans Le duché de Wurtemberg ; — de Creuzbourg, Salzungen et Neu-Soulz, dans /4 Saxe Ducale; — de Budingen et Utph, daus /a Wéféravie ; et celles de Busk, en Pologne, lui doivent presque tous leurs ouvrages et leur prospérité. — Une grande partie de ces salines est encore actuellement sous la direction générale de M. de Beust. Elles produisent plusieurs cent mille quintaux de sels. — C'est également à l'intelligence et à l’activité de la famille de Beust, qu’on doit l'amélioration des salines d'Aigle et de Pévieux, en Suisse, et l'établissement de celles de Valoe, en Norvège, et de Moutiers et Conflans, en Savofe.

Ses talents et ses succès étaient en si grande réputation, que lorsqu'on voulut, en France, rendre les salines de Franche-Comté, aujourd’hui du Jura, plus productives, on crut ne pouvoir mieux faire que d’adopter le procédé et la manière de bâtir de M. de Beust, dont on a imité les maisons de graduation à Montmorot et à Arcq. On peut voir, à cet égard, le compte qui en est rendu dans l'Encyclopédie, à l’article Salines. On y verra, en même temps, combien il serait dangereux de confier l’administration de ces usines à des non exercés ou inhabiles.