La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

10 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

l'opinion mécontente, incertaine devant les survivances édictées et les transformations sociales soudain révélées, disciplinée par les publicistes, déchaînée par le gouvernement lui-même (1). Aux deux théories adverses, celle de la division tripartite des assemblées, et celle de la confusion des ordres, s'oppose bientôt une nouvelle conception qui ne reconnaît plus dans la nation que deux corps distincts, les oppose seuls dans les provinces, et aboutira à proposer la formation de deux Chambres dans les États Généraux et dans l'Assemblée Nationale, l’une de la noblesse ou des intérêts aristocratiques , l’autre du peuple ou des communes. L'origine de la discussion qui s’éleva en 1789 sur la question des deux Chambres doit donc être recherchée antérieurement à 1778 (2), si l’on veut connaître les doctrines répandues au jour où elle se précisa définitivement. Et si l’on est curieux d'indiquer, en passant, quel secours le pouvoir royal aurait pu trouver dans ce système dualiste, il faudra retenir divers incidents : la convocation des notables, la consultation des « corps savants » et des « personnes instruites », le projet d’une Cour plénière, qui nous semblent venir successivement donner à l'inquiétude publique la réplique de l’inquiétude gouvernementale en quête d’une puissance

(1) Arrêt du Conseil du 5 juillet 1788. (2) Arrêt du Conseil du 12 juillet 1778: création de l’Assemblée du Berri,