La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LES CORPS INTERMÉDIAIRES OCCASIONELS 17 ce débat, l'énergie politique qui lui serait nécessaire et la vaine obstination par où elle résiste, c’est la précipiter encore que d'évaluer ce pouvoir non plus en raison de ses privilèges, — purement honorifiques pour la plupart — mais en raison de ses propriétés qui, dès longtemps diminuées par les morcellements et les ventes, sont chaque jour plus sérieusement menacées et dans la consistance de leurs fonds et dans les éléments et le chiffre de leurs revenus (1).

Le gouvernement, qui ne peut s'appuyer ni sur le tiers, ni sur l'aristocratie, semble chercher laborieusement un corps intermédiaire, tout au moins occasionel.

(1) « Les deux derniers systèmes (ceux de Turgot et de la Trosne), diffèrent essentiellement de celui du marquis de Mirabeau; leurs principes rompent presque complètement avec le passé ; à l'antique distinction des ordres, ils tendent à substituer une arislocratie nouvelle, celle de la fortune ; symptôme de la transformation sociale qui va s’accomplir, ils seront jusqu’à un certain point reconnus et consacrés par l’Assemblée conslituante en 1789. » (Luçay, op. cit. p. 156.) Tocqueville signale de même que le projet de Turgot est à la fois démocratique ou du moins anti-nobiliaire, puisqu'il n’introduit les nobles et les prêtres dans l’assemblée municipale que comme notables et ne leur donne aucun rôle à part, et aristocratique — puisqu'il fait reposer tous les droits sur la fortune seule et tient le cens très haut (600 livres de revenus) (Wélanges). Les conditions de cens exigées par les édits de 1788 témoignent des mêmes idées.

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