La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LES ÉTATS GÉNÉRAUX 23 pris qu'à la majorité de 13 voix contre 12. La lutte, au reste, est dans l’Assemblée partout assez vive, pour que les princes du sang s’y jettent par un fâcheux Mémoire qui invoque l'autorité des précédents, et des considérations d'utilité générale en faveur du maintien des anciennes procédures.

Or le tiers état s'affirme déjà « société complète » : «le reste est une superfétation inutile; non seulement les nobles ne doivent pas être les maitres, ils auront à peine le droit d’être des citoyens (1). » De son côté, la noblesse d’abord empêchée de combattre des idées auxquelles elle n'avait pas fait médiocre fortune naguère, se défend peu et mal: « Nul (parmi les privilégiés) dit Tocqueville, n’avait recherché de quelle manière une aristocratie peut justifier ses privilèges aux yeux du peuple. Ce qu’il fallait dire pour montrer comment seule elle peut préserver le peuple de l'oppression du pouvoir royal et de la misère des révolutions, de

pôts, qu'un intérêt commun associera les deux premiers ordres et les opposera à l'intérêt du troisième. |

« Alors, malgré la distinction constitutionnelle des trois ordres, il n'y aura que deux intérêts : celui des privilégiés et celui des non privilégiés; alors, si l'égalité numérique des représentants de chaque ordre a lieu, il existera une lutte inégale el par conséquent injuste, celle de deux contre un. » (Arch. Parl., 1r° série, I, p. 487.)

(4) Rabaut Saint-Etienne. Considérations sur les intérêts du tiers, fin de 1788.