La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

86 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES L'important est d’aflirmer que la Chambre des lords ne fut pas une création arbitraire, mais naquit des races, des lieux, des circonstances ; que les divers éléments aristocratiques qui la formèrent ne furent jamais isolés ni du Gouvernement auquel ils collaboraient, ni du peuple, en qui ils se recréaient sans cesse; que, même au xXvin® siècle, quand loligarchie des gentlemen régnait sur de vastes étendues territoriales quasi incessibles et insaisissables, affamée de privilèges, partout elle étendait son action politique : du distriet au comté, du comté dans les deux Chambres, sur l'État ; et qu'une évolution de six siècles (du xni°, avant la grande Charte, au Bill des droits, 1688), avait fondé en Angleterre le gouvernement représentatif.

Ni le pouvoir royal, ni le groupement des intérêts, ni l’organisation des États généraux, ni leurs fonctions ne présentent en France les mêmes caractères. On n'y voit pas une royauté puissante lentement abdiquer ses droits dans une monarchie peu à peu représentative, mais l’autorité du prince restreinte, contestée, fonder par des siècles de luttes une monarchie absolue. Avee l’aide des communes elle ruine la féodalité. Et cette alliance et cette victoire n’ont pas seulement pour effet de lui assurer ce pouvoir étendu que possédait le souverain anglais ; mais elles sapposent et maintiennent un groupement très différent qui oppose les intérèts des trois ordres, et une rivalité qui les rend impuissants et dans la nation et dans les États généraux,