La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LA NOBLESSE EN 1879 87

De ces trois ordres, il est vrai, dès les préliminaires de la Révolution, on peut n’en considérer que deux. Les curés de campagne, misérables, sont peuple, en effet, et les curés des villes appartiennent à la bourgeoisie : les uns et les autres feront cause commune avec le tiers. A peine reste-t-il quelques évêchés en roture. Le haut clergé comptera dans l'ordre de la noblesse. La noblesse doit donc être affirmée comme la seule aristocratie avérée en 1789. Qu'est-elle alors ? Selon le mot du comte de Lauraguais : « un souvenir : elle est au tiers-état ce que la Fable est à l'Histoire» (1). De Broc (2), après Taine (3), compte au moment de la Révolution 26.009 familles nobles; mais sur ce nombre (au témoignage de Chérin, le fils), il n’en est guère que treize où quatorze cents de noblesse immémoriale où de race. Tandis que la noblesse féodale tombe lentement au rang de noblesse de cour, la concession royale crée une noblesse nouvelle : les dignités civiles et militaires et la richesse y donnent accès ; la robe surtout s’en illustre. [n° à pas moins de 4.000 offices qui anoblissent. (Au moyen de la facilité qu'on a d'acquérir la noblesse à prix d'argent, il n'est aucun homme riche qui, sur-le-champ, ne devienne noble (4). » Parfois les services que récompensent les

(4) Cité dans le Mémoire pour le peuple françois, Anonyme. Seconde édition, 1788.

(2) L’Ancienne France…., 1, 350.

(3) Origines de la France contemporaine. L'Ancien Régime.

(4) D'Argenson. Mémoires, LL, 402; cité par de Broc.