La Révolution française (1789-1815)

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homme, par son talent pour la parole, par son esprit, par son caractère, n'avilit pas le ministère ni les membres de l'Assemblée nationale qui auraient à traiter avec lui. Danton seul avait ces qualités. Je le choisis et je ne m’en repens point. Peut-être exagéra-t-il les maximes des constitutions populaires dans le sens d’une trop grande déférence aux idées du peuple, d’un trop grand emploi dans les affaires de ses mouvements et de ses opinions. Mais le principe de n’agir qu'avec le peuple, et par lui, en le dirigeant, est le seul qui, dans un temps de révolution populaire, puisse sauver les lois; et tous les partis qui se sépareront du peuple finiront par se perdre, et peut-être par le perdre avec eux. D'ailleurs, Danton a cette qualité si précieuse que n'ont ja« mais les hommes ordinaires : il ne hait ou ne craint ni les lumières, ni les talents, ni la vertu. »

Danton au pouvoir fait repousser l'idée insensée de Roland de fuir derrière la Loire : « C’est à Paris qu'il faut vaincre « où mourir. » Il pousse à l'organisation de l'armée, où Servan agit d'une manière efficace. Danton conçoit nettement le problème diplomatique : diminuer le nombre des ennemis : il fait tous ses efforts pour maintenir la neutralité de l’Angleterre et l'empêcher de se joindre à la coalition. Talleyrand est son habile agent dans cette politique.

La victoire de Valmy ouvre un nouveau champ à sa diplomatie. Il est surtout guidé, dans cette circonstance, par la vue supérieure d'arriver à séparer la Prusse de l'Autriche. C’est ce qu'après d’admirables victoires réalisa le traité de Bâle.

La Convention nationale réunie et la République proclamée, la situation intérieure et extérieure de la France apparaît dans sa terrible réalité. Le mérite de Danton, et c'est ce qui le classe dans la série des véritables hommes d'Etat, c'est d’avoir conçu et finalement réalisé la construction de l'outil gouvernemental sans lequel la France succombait dans une position qui paraissait désespérée. C’est ici le nœud d’une théorie positive de la Révolution, et le nœud méconnu de l'appréciation vraiment scientifique de Danton.

Voyons la situation. La Constituante, ce préambule si plein d'illusions de la Révolution, avait établi : 4e l’'homogénéité s0ciale dela France en supprimant toutesles inégalités artificielles devenues sans but et nuisibles ; une même loi régissant dès lors

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