La Révolution française (1789-1815)

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toutes les concessions raisonnables, compatibles avec notre dignité et notre intérêt. La Convention fit la paix avec la Toscane le 9 février 1795, avec la Prusse, à Bâle, le 5 avril 1795, avec les Provinces-Unies le 10 mai de la même année, et enfin, avec l'Espagne, le 22 juillet 1795. Par une politique aussi délicate que sage, la Convention ménagea le juste orgueil de l'Espagne, en ne lui enlevant aucune partie de son territoire, malgré les droits incontestables de la conquête et le désir de rectifier notre frontière dans le Sud. Si les paroles étaient quelquefois à la Convention bien enflammées, la conduite diplomatique était toujours mesurée ef sage. La France fut récompensée d'une telle diplomatie, puisque le Directoire put conclure en 1796, avec l'Espagne, un traité d'alliance offensive et défensive qui continuait le pacte de famille et le remplaçait avantageusement. Et c'était le point de départ d’une politique sage, continuant celle de la Gonvention, mais qui fut renversée par l'influence à jamais déplorable de Bonaparte.

Ceci nous conduit à apprécier la seconde partie de la vie de Championnet, ce que l’on peut appeler la période italienne. Là, il commanda en chef, il se montra grand capitaine et homme d'Etat, malheureusement dans une situation déplorable qu’il n'avait pas créée et qu'il fut obligé d'accepter. Gela explique que, si sa capacité a paru forte et grande, les résultats furent nuls et même peut-être nuisibles, mais indépendants de sa volonté. C'est là, Messieurs, où il faut le plus admirer la grandeur du devoir militaire, qui fait accomplir la fonction dans des situations qu’on n’a pas créées, mais dont on prend la responsabilité dans l'intérêt de la patrie. C’est là un des plus hauts degrés de la valeur morale. Championnet n'était pas, en effet, de cette école de généraux qui disparaissent devant les difficultés trop grandes et les traitent par le mépris, en leur tournant le dos. Il était de l’école de l'absolu dévouement civique.

Je dois expliquer, ce qui, à mon avis, n'a jamais été fait, la situation dans laquelle dut agir, en Italie, Championnet ; sifuation déplorable créée, comme je l'ai déjà dit, par l’action de Bonaparte, par la faiblesse du Directoire et par l’entrainement insensé de la démocratie cosmopolite. En 1796, Bonaparte fut mis à la tête de l'armée d'Italie. Doué d’un vrai génie mili=