La Révolution française (1789-1815)

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devenu à ce point indifférent et même étranger à la vie moderne, ainsi que de la nécessité d’une nouvelle croyance générale et d’une direction spirituelle nouvelle, pour obtenir la régénération de la société. Car, suivant la remarque profonde de Michelet, « la Révolution n'était rien, sans la révolution religieuse. »

Notre première Assemblée nationale était demeurée dans l’ancien régime autant par l'établissement de la constitution civile du clergé que par la transformation de la monarchie absolue en une royauté constitutionnelle ; et l’on peut affirmer que sur ces deux points fondamentaux elle avait failli à la mission que lui imposait le siècle.

Tout restait à faire, après elle, quant au renversement effectif du système du moyen âge; et seule, la Convention sut obéir à la nécessité d'opérer table rase.

Elle ne rendit, il est vrai, aucun décret supprimant officiellement la religion catholique, ou les cultes protestant et juif, mais elle abolit le privilège d'État accordé à la première par l'Assemblée constituante ; elle proclama la liberté de tous les cultes ; elle ne s’opposa point à la fermeture des églises par les municipalités, notamment à Paris ; elle ne désavoua pas davantage les mesures antithéologiques prises par ceux de ses membres qui la représentaient dans les provinces : entre autres, lorsque Rhul, un des Montagards les plus purs, eut brisé de sa main, sur une place publique de Reims, la sainte ampoule qui servait au sacre des rois! L'Assemblée applaudit, et aucun de ses membres ne désavoua l'énergique Représentant. De plus, elle recut les dépouilles des temples et les affecta aux services publics, à la défense nationale ; elle accueillit dans son sein même toutes les déprêtrisations; elle enregistra à son Pulletin, après les avoir ap-