La Révolution française (1789-1815)

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11 n'en est pas moins vrai que la suppression du culte de la Raison marque la fin du mouvement ascendant de la Révolution et de la Convention nalionale elle-même, comme son installation en avait marqué l'apogée.

Outre les motifs généraux que nous venons d'indiquer, des intérêts politiques plus particuliers en amenèrent la chute.

La Commune de Paris, qui, vers la fin de 1793, sous la fâcheuse influence d'Hébert, de Vincent et autres, commençait à porter ombrage au Comité de Salut public et à méconnaître la Convention elle-même, avec lesquels elle semblait vouloir se mettre en rivalité, était le foyer apparent du nouveau mouvement religieux. C'est elle qui avait osé prendre l'initiative de la suppression du christianisme en ordonnant la fermeture des églises, et celle plus audacieuse encore de la substitution du culte de la Raison à celui de Jésus.

Le Comité de Salut public, autant par esprit rétrograde chez ses membres prépondérants (Robespierre, Saint-Just, Couthon, Barère), que par intérêt de parti, se prononça de prime abord contre la tentative de la Commune, et il finit par entraîner la Convention dans cette résistance, bien qu’elle eût primitivement incliné en sens contraire.

Danton, cependant aussi émancipé en religion qu'en politique (1), mais déjà débordé par Robespierre, ne

1. On ne peut guère douter du complet affranchissement théologique de l'homme qui, au moment de mourir, répondait avec calme au juge lui demandant ses qualites civiles :

« Ma demeure sera bientôt dans le néant ; quant à mon nom, vous le trouverez au Panthéon de l'histoire. » -

Est-il possible, vu la circonstance, d’être plus net sur ce que Diderot appelait le grand préjugé, et davantage au point de vue humain ?