La Révolution française (1789-1815)

LIVRES

intime désir de rapprochement général des peuples et de fraternelle union de la famille humaine, telles que la réforme des poids et mesures et celle du calendrier d'après un type scientifique international, fixe et universellement acceptable. C'est ainsi encore qu’elle ébaucha le culte de la nature, en affectant chacun des jours de l’année à un des produits de la terre, aux animaux qui la couvrent, ou aux instruments de l’agriculture, et qu’elle donna aux mois des désignations en rapport avec les saisons correspondantes. Enfin elle admit, comme nous l'avons déjà rappelé, une idéalisation plus élevée et plus abstraite, se rapportant exclusivement au type humain, ce culte de la Raison que le Positivisme considère à juste titre comme une ébauche spontanée de la religion de l'Humanité (1).

Le seul reproche qu'aient à encourir à cet égard la Commune et la Convention est, peut-être, d’avoir tenté d'imposer ce qui, évidemment, ne devait être que proposé, comme tout ce qui regarde la conscience. Il en est de mème de la suppression du christianisme, auquel il suffisait d'enlever tout caractère et tout appui officiels, d'après une entière séparation de l'Eglise et de l'Etat, avec pleine liberté des cultes quelconques considérés comme des manifestations privées, sans recourir à la dévastation des temples et à l'oppression des fidèles.

Nous avons expliqué précédemment comment la domination absolue de la doctrine révolutionnaire rendait presque impossible une telle tolérance et une pareille rectitude de vues et d'action, sans parler de la surexcitation alors résultée de la guerre civile et étrangère.

1. Voir notre introduction à l’Essai sur la prière, par J. Lonchampt; in-32, Leroux, rue Bonaparte, 28 ; Paris, 1878.