La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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A peine ceux-ci eurent-ils réuffi à exclure de PA ffemb'ée du Peuple prefque tous les citoyens qui ne tenaient pas à leur parti, qu’ils crurent pouvoir fe hafarder à la convoquer pour la faire procéder au choix d’un Tréforier-général ; éle@ion qui, comme toutes les autres, fe fait au fcrutin fecret, Qu'on fe figure leur furprife, lorfqu’à l'ouverture de ce fcrutin, il fetrouva que l’ancien Tréforier, membre de la Masiftrature légitime, & deftituée en 1792, avait 500 fuffrages de plus qu'aucun des prétendans. Ce Magiftrat a refufé très-fagement cette étrange & dangereufe marque de préférence ; mais ceux qui y afpiraient n’en ont pas moins frémi d’indignation & d’éffroi, en voyant que dans l’Affemblée du Peuple, toute épurée qu'ils la croyaient, leurs fatellites y déclaraient en fecret la guerre à cette même Révolution qu'ils femblaient toujours applaudir fi ouvertement dans les Clubs, où les fuffrages fe donnent à haute voix.

Bientôt, jufques dans ces Clubs même, ils ont entendu intercéder en faveur de quelques-uns des Eccléfiaftiques deftitués, & demander de toutes parts qu’on fît des recherches févères contre ceux des révolutionnaires qui, dans le cours du premier pillage, s'étaient permis de détourner à leur profit perfonnel, une partie des rapines, Comme cet orage n’aurait pas tardé à atteindre les grands coupables, ceux-ci ont trouvé le vrai fecret de le détourner ; d’abord en faifant nommer une Commiffion Juridique Extraordinaire, puis en faïfant tomber toutes fes pourfuites fous prétexte que c’eût été entreprendre le procès de la révolution elle-même.