La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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cours de fes-collèques ; il s’elt agité de nouveau ;: il a protefté, comme de nullité, contre ce premier Décret, & a infifté avec force pour qu’on rappelât d’une fentence, dont dépendait, difait-il, l’exiftence de la République, c’eft-à-dire, en d’autres termes, l'abfolution ou le châtiment de fes aflociés, Cependant il a eu grand foin de ne développer au peuple que des motifs qui, en apparence, leur étaient abfolument étrangers. Il a repréfenté que, lors même qu’il n’y aurait pas eu de raifons fuffifantes pour impofer cette taxe, il y en avait mille pour la prolonger; que le haut prix des fubfiftances qu’on tirait d’Allemagne à fraix énormes, faifait de ce tréfor la fauvegarde de l'Etat, &.que ce ferait prononcer l'arrêt d’une famine immédiate &c générale, que de reftituer aux riches des fommes que les circonftances rendaient indifpenfables, pour affürer la fubfftance du pauvre, à l'approche de l’une des plus grandes difettes où fe foit trouvé l’Europe. Un pareil argument devait avoir d'autant plus de force, qu’une grande partie de la contribution fe trouvait déjà confommée en achats de bleds étrangers, achats qui font devenus le patrimoine du pauvre, puifquele Gouvernement les diftribue enfuite avec perte de 400 louis par femaine ; facrifice énorme, qui lui a fourniun moyen déguifé de continuer une efpèce de folde à la foule de ceux que la révolution a plongés dans le défœuvrement & dans la misère.

On comprend combien ce cri d'alarme fur les fubfiftances a dü rallier de plus en plus, autour des chefs, toute la tourbe des indigens ; & combien il