La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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entre la cruelle alternative, ou de confommer fon ignominie, en fanétionnant, avec l’infurreétion du 19 Juillet, tous les vols qui l’avaient fuivie, ou de laifier gémir, loin de Genève, cette foule de citoyens qui l’honoraient, & qui feuls pouvaient encore la fauver.

On prétend que trois des chefs de la Commiffion Liquidatrice, plus prévoyans ou moins confians que leurs Collègues, leur ont annoncé que le Confeil National ne confentirait jamais à fanétionner ni cette taxe, ni les violences qui l’avaient extorquée : on fait même que, pour prévenir un refus éclatant, ils les ont prefiés de la colorer en la commuant en un emprunt rembourfible par l'Etat, fans intérêts, & après l’acquittement de fes dettes antérieures. Mais on ajoute que Boufquet, qui, mieux que tous les autres, prévoyait les, conféquences inévitables de la plus légère modification, fe borna à les faire rentrer en euxmêmes en s’écriant ironiquement : Ÿe Juis d'avis que l'on rende l'argent des taxes, &S que l'on pende ceux qui les ont impofées. Ce coup-d'œil perçant fur l’avenir lui rattacha tous fes collègues ébranlés ; ils perfiftèrent à faire porter, en Février dernier, à l’Affemblée du Peuple, l'avis de fanétionner la taxe comme propriété nationale ; & Von peut juger de leur confternation, lorfqu’ils y virent leur, propofition rejetée à la pluralité des fuffrages,

li femblait qu’il ne reflât plus à envifager le tréfor révolutionnaire que comme un emprunt dont on devait rendre compte, ou comme un vol qu’il fallait reftituer. Loin defelivrer au découragement, dans un moment fi critique, Bouquet efl accouru au fe-

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