La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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& les fonctionnaires publics. L’effroi s’eft bientôt emparé de la mafle des révolutionnaires honnêtes & timides : ils fe font flattés que la fanétion pour laquelle on infiftait, ferait l'achèvement de la révolution; ils ont cédé à ces nouvelles menaces; & la même Affemblée du Peuple qui venait de prononcer fouverainement l’illégalité dela taxe, a eu la lâcheté de la fanctionner le 19 Mars.

On 2 vu que le Gouvernement n'avait réufi à acheminer une pareille adhéfion qu’en promettant que cet acte de faveur qu’il follicitait, ferait l’avant-coureur de celui qu’on lui demandait en faveur des victimes des Tribunaux Révolutionnaires. Le cri qui réclamait leur délivrance devenait fi preffant, que les différens Clubs des révolutionnaires fe hâtèrent dès le lendemain de s’afflembler pour émettre leur vœu à ce fujet, & annoncèrent au Gouvernement que, fur 2302 Patriotes, 1952 s'étaient unis pour folliciter labrogation immédiate de tous les Jugemens.

Il faut convenir que la fituation du Gouvernement devenait de plus en plus embarraffante. Comment fe difpenfer de porter un cas de cette gravité à l’Affemblée du Peuple? Comment douter de la décifion éclatante de celle-ci, lorfque près des neuf dixièmes du feul parti révolutionnaire venaient de la ploclamer d'avance? Et cependant, fi l’on mettait une fois cette Affemblée fouveraine à portée de prononcer fur l’illégalité des deux Tribunaux, comment fauver les Juges y avaient fiégé? Dans une poñtion fi critique, le Gouvernement n’héfita point à prendre exclufivement fur lui tout le mérite de l’abrogation de leurs juge-

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