La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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Mais ce qui va paraître bien plus étorinant ericore; c’eft que; malgré l’'énorimité de la contribution forcée, les adiminiftrateurs de cette année fe trouvent déjà, relativement aux finances, dans un état d’épuifement prefqu’aufñfi critique que celui que léurs prédécefleurs avaient allégué l’année précédente, pour provoquer leurs exaétions révolutionnaires. Les émigrations & la misère publique ont prefque complettement tari la fource, autrefois fi abondante, des aumônes, & ont défféché celle des contributions annuelles: toute la vaiffelle arrachée aux propriétaires a été bientôt frappée & émife ; & quant aux autres produits de la taxe révolutionnaire, ce qui en a été perçu jufqu'’ici a été promptement diffipé, foit par l'approvifionnement des greniers de PEtat; foit par les diftributions gratuites faites aux pauvres; foit parles falaires des fonctionnaires publics, que la nouvelle Conftitution a multipliés à l’infini; foifenfin par les fommes confidérables que le Département des Arts a prodiguées pour des objets de pur agrément. Au lieu de fupprimer la plupart des agens fubalternes, qui, bienloin d'aider la marche desaffaires, ne font que l’entraver, Le croirait-on ? le Gouvernement vient de porter fes premiers retranchemens fur la modique paie des membres du Clergé non deftitués ; & il a fufpendu toutes réparations aux édifices publics !

Il n’y a cependant encore qu'une année que s’opéra à Genève la fubverfion univertelle des fortunes, & le verfement des propriétés dans le tréfor de l'Etat. Pour conduire le peuple à cette conquête, fes féducteurs lui avaient promis qu'à l’aide de ce tréfor, 1