La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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régime politique, qu’eux-mêmes ils propofent au jourd’hui à leurs compatriotes.

Sans doute que lautorité du Confeil fouverain était balancée à Genève par- celle des deux autres Confeils; & peut-être l’immortel Montefquien n’avait-il pas moins porté fes regards fur notre petite fourmillière, que fur la Grande-Bretagne, lorfqu'il écrivit ces mots profonds, qui contiennent tous les fecrets de la liberté politique: Le Pouvoir ARRÉTE Le Pouvoir. Certes, il fallait toute la préfomptueufe ignorance des légiflateurs Français qui fe font vantés d’avoir laïflé fi loin d'eux ce grand homme, pour ne s'être pas même douté que les nombreufes limites que les Genevois avaient impofé à leur démocratie, étaient la meilleure fauve-garde de fa durée & de leur liberté.

Ces limites étaient de trois efpèces :

1e, L’Affemblée du Peuple, à qui le Pouvoir Légifatif avait été réfervé, n’admettait point dans fon fein la partie de la population qui eft effentielle. ment impropre à l'exercer. CeCorps n’était compofé que d'environ les deux tiers des Genevois âgés de 25 ans ; encore Ceux qui y avaient droit en étaientils exclus dès qu’ils devenaient infolvables, ou qu'ils étaient affiftés par les bourfes publiques. J'ai expolé, pages 3 & 19, comment on en avait graduellement facilité l'accès à la claffe des Narifs; & peutêtre les leéteurs éclairés, bien loin d’accufer le Corps des citoyens d'avoir été trop refferré, feront-ils plutôt tentés de lui reprocher de ne s'être pas fufamment affuré de l'indépendance pécuniaire de fes