La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795
D 168 ]
é encore, ces mains facriléges qui viennent de « renverfer les autels de notre religion pure, “ s'occupent à en raflembler les débris pour “ m'en élever à moi-même! Grand Dieu! les « injuftices de mes contemporains furent pour ‘ moi des honneurs; mais les honneurs qu’on me ‘“ rend aujourd’hui, font le plus amer comme le plus & accablant des outrages.” _ Genevois Révolutionnaires ! qu’auriez-vous à répondre à cette voix gémiffante? Répliqueriezvous que vous vous êtes bornés à fuivre l’exemple des Français; que les circonftances, votre fituation, ou votre faiblefle, vous ont fait un devoir de les imiter ? Vous avez, dites-vous, imité les Français! mais où étaient dans Genève les courtifans dilapidateurs ? Où était ici le Clergé qu'il était befoin d’affujettir au pouvoir civil, ou qu’on oferait accufer d’infulter
par fon luxe à l’indigence du peuple, &, par fes
mœurs, à la fimplicité de la religion? Où était la claffe privilégiée que vous aviez à humilier, ou à combattre ? Montrez les prifons d'Etat que vous étiez appelés à attaquer & à détruire ? Indiquez les taxes injuftes ou les oppreffions dont le pauvre avait à fe plaindre. Enfin, les Genevois qui venaient de s’armer contre le vœu de leurs cornpatriotes, ceux qui avaient fervi d’efpions ou d'avant-garde à des troupes étrangères, qui font-ils? Pouvez-vous les nommer fans rougir ?
Vous avez imité les Français !.… Impofteurs! Ce peuple enivré croit du moins de bonne foi qu'il a brifé un joug, & que, même à travers le crime, il marche à la liberté: mais vous qui la pofédiez déjà,