La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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Débarraflé de ce faible & dernier obftacle, & brûlant d’entrer en fonctions, le Tribunal Révolutionnaire les entamé, en défignant entr'autres parmi les huit premières victimes quil fit traduire devant lui, l’ancien Syndic Cayz, l'un des Magiftrats qui yes nait de montrer le plus de fermeté pour la défenfe de nos loix, & l'ancien Procureur-Général Prévof, dont le crime principal était d’avoir concouru à négocier, avecle Général Montefquiou, le traité qui nous fauvades premiersattentatsde la France. Leurs Juges fiégaient à l'Hôtel-de-Ville, les manches retrouflées comme des bouchers, les jambes nues, la poitrine découverte, en bonnets rouges, un fabre au côté, des piftolets à la ceinture, environnés de bouteilles & des vapeurs du vin. Six d’entreux ne purent point foutenir ce tableau infernal, & demandèrent leur démiffon, tandis que le refte de leurs collègues prolongèrent leur fanglante feffion au milieu de l’ivrefle & de la plus infame gaieté,

Quoiqu'il n’y eût contre les accufés aucun chef d’acgufation direête, aucun indice du prétendu complot d une contre- révolution, ni même aucune queftion qui fût relative à ce projet abfurde, enfanté pour enflammer de peuple & pour l’armer ; la défenfe de ces deux magiftrats, & de leurs fix co-accufés, dura jufqu’aux lendemain 26 Juillet. Lorfqu'à l’ouverture des boëtes dans lefquelles les votes s'étaient donnés au ferutin fecret, on apprit qu'il n’y avait que deux des accufés condamnés à mort, les Marfeillois & les Montagnards, alterés de fang, proposèrent le maffacre général de tous les prifonniers indiftinétement ; &