La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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France qu’à Genève, le lecteur peut prononcer, fi le principe le plus confervateur des Etats libres, n’eft pas la précaution de ve jamais atiacher le pouvoir que là où eff la rofponfabilité.

Telles ont été pour Genève les fuites défaftreufes de la violation de ce principe, confervateur, que le feul trait national auquel on puiffe reconnaître encore fes habitans, c’eft à la réunion de tous les partis pour la conferver indépendante de la France. Sans doute qu’il eft plus commode à ceux qui y dominent, de faire la guerre à des compatriotes défarmés, que d’aller combattre fur l'Océan, fur le Rhin, ou aux Pyrénées: mais quand ils auront tout pillé, & dilapidé tous leurs pillages, que leur reftera-t-il à faire, que de fe vendre à la France?

Si cet affigeant tableau vous a paru long, Monfieur, combien n’a-t-il pas dû le paraître davantage au Genevois qui vient de vous le tracer! Je ne fais même fi j'aurais eu la force de remplir cette pénible tâche, fans un motif bien preffant qui m’anime. J'apprends dans ce moment que plufieurs de mes infortunés compatriotes ont pris la courageufe réfolution d'aller chercher en Amérique la paix & la liberté bannies de leur patrie. Je viens au nom de la liberté perfécutée, vous conjurer d'aider ces infortunés de vos confeils, de votre appui, & de les recommander à l’hofpitalité généreufe de vos compatriotes. J’ofe vous garantir qu’en retour de l’afyle qu’ils en recevront, ceux des miens qui vont s’aflocier à eux, leur porteront tout ce que les Américains eftiment le plus ; des mœurs républicaines, l’amour de

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