La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

172

eux, l'avaient reçue avec calme & courage. Ainf la petite révolution de Genève, que ces mêmes montagnards accufaient de n'avoir été qu’avortée, fournit déjà, mais à leurs dépens, une preuve nouvelle de la grande vérité qu'a dit un fameux révolutionnaire Français, en marchant à la guillotine :* ‘€ Que toute ré<e yolntion de ce genre fera comme Saturne, © dévorera < elle-même fes propres enfans.”

Boufquet, leur véritable chef, vit encore: mais il a déjà de triftes preflentimens de fon fort prochain. Ce Robefpierre Genevois, qui n’a que les vices & non les talens de fon modèle, & qui, comme lui, a régné quelques jours avec une autorité diétatoriale, n’a pas même fu tenir, d’une main ferme, le gouvernail auquel il venait de s’affeoir. Afin de fe retirer du Tribunal dont il affeétait de défapprouver les fureurs, il a eu l’adreffe & la lâcheté de fe faire nommer l’un des Commiffaires qui attaquent les biens & non les vies. Couvert de toute la haine des opprimés, & menacé du mépris des oppreffeurs, ce miférable accomplit déjà, par l’obfcurité où il eft prêt à retomber, les terribles prédictions que lui adrefla, de Londres, l'un de fes compatriotes, Mr. Chauvet, “ Qu'il ne conferverait une autorité extérieure qu’au prix des plus bafles complaifances ; & que l'alternative de laiffér commettre un crime, pour en empêcher d’autres, allait être déformais fes prétextes, ou fon partage. Dominateurs un jour, ceux qui renverfent les loix, lui écrivait-il, font dominés dès le lende-

main, ie ————————————

# Danton.