La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

Londres, le 3 Ofobre 1794:

MonwsIEUR,

Les fymptômes adouciffans que femblait annoncer la révolution de Genève, n’ont pas tardéà faire place à es vrais caractères originels, ceux de la deftruétion & du dépouillement.

A peine le Tribunal Révolutionnaire fe fut-il débarraffé de la faction des montagnards qui le gênait, en demandant pour elle les pillages de la révolution Genevoife, ouen tentant de les faire pafler entre les mains des Français; à peine eut-il été pleinement raffuré fur les vues de cette Puiffance, par fes déclarations, par la chûte de Robefpierre, & par le rappel éclatant de Soulavie, qu’il commença à fe montrer à découvert; déclara qu'il ferait injufte de ne févir, dans ce fecond aîte, que contre des patriotes égarés ; & annonça qu'il était temps de s'occuper férieufement des nouveaux prifonniers Ariftocrates, auxquels il avait donné les arrêts domeftiques. Leur nombre s'élevait déjà à 343: tirés, pour la plupart, cette fois de ce qu'on appelait l'ariffocratie bourgeoïfe, c'eft-adire de l'ordre marchand, qui, depuis la cataftrophe des Ariftocrates, avait été dénoncé à fon tour, comme plus riche & plus avare qu'eux.

Par les fuites d’une fatalité qui, dans tout le cours de cette révolution, a entraîné les Genevois honnêtes & éclairés à fe tromper dans chacune de leurs

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