La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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conjectures, & à prendre conftamment le parti le plus dangereux en adoptant le plus doux, ces nouveaux prifonniers avaient eu la fimplicité de fe laifler perfuader que le dernier armement était uniquement deftiné à les fauver, eux & l'indépendance de la République. Ils en attendaient le réfultat avee anxiété, & faifaient les vœux les plus ardens pour le parti qui friompha, lorfque celui-ci, en leur apprenant fa victoire, leur annonça en même temps qu'ils en étaient le prix.

Quoique le Tribunal eut prononcé, ci-devant, que le peuple avait été exfin fuffifamment vengé, il déclara qu'il ne fufffait point d’avoir puni les montagnards commeanarchiftes, & que, puifque les premiers affes de Jufice naticnale n'avaient pu fufire pour détruire les ennemis de la Païrie, 1 fe trouvait forcé de févir de nouveau contre ceux qu'il appelait encore es ennemis ncorrigidles de la liberté & de l'égalité. (1) En conféquence

{1} Ce fecond rapport, publié le 6 Septembre, l'emporte, s’il eft pofhble, fur le premier, en fait d'hypocrifie & d’impudeur. C’eft le même fcandaleux étalage des mots de Bberté, de jufice, & de quertu: il fe termine de même par une exhortation aux Genevois Révolutiennaires à £re vertueux, à Le Évrer au travail, &$ Due Jamais oublier que les verus publiques prennent leur Jeurce dans les Dértus domeffiques, C’eff 12, s’écrient les membres du Tribunal, le récompenfe que nous vous demandons des pénibles Jondions aux guelles nous avons été appelés,

Ces mêmes membres, prefque tous tirés de la lie du Peuple, & qui ne faïfaient que de fortir de Vobfcurité, y dénoncent les Chefs des Montagnards qui avaient ofé rivaliier avec eux, & en font un portrait qui eff un morceav non moins précieux que naïf dans la

bouche des chefs! de 2 Révolution Genevoife. Dans