La Serbie agricole et sa démocratie

Son sol est de tous le mieux cultivé, et que son agriculture est la plus avancée.

Elle a le mérite réel d’avoir abandonné les anciennes méthodes de culture et d’avoir, dans une bonne partie du pays, appliqué les enseignements de l'expérience et de la science agronomique. Grâce à ses procédés agricoles, la Serbie nourrit une population trois fois plus grande que celle d'il y à soixante ans, et exporte en outre une quantité notable de ses produits. La valeur de sa récolte est estimée à un demi-milliard de francs par an.

Si l’agriculture serbe a fait quelque progrès, elle est encore loi de ce qu'elle aurait pu être, vu l’intelligence naturelle de la population (1), la richesse du sol et l'excellence de son climat. Cet arrêt peut uniquement s'expliquer par la situation géographique du pays et les circonstances politiques qu'a traversées la Serbie depuis sa libération. Durant tout le siècle dernier, le principal effort de la petite principauté d'abord, puis du royaume, s’est porté

(4), « Le Serbe est actif, endurant, travaille sans cesse et paraît doué d’un remarquable esprit d'assimilation. J'ai eu à ce sujet l’occasion d’observer d’une manière très approfondie ce trait de son caractère. Dans les exploitations minières que j'ai dirigées en Serbie, le recrutement du personnel spécial était pratiquement impossible dans un pays habité presque exclusivement par des populations agricoles, C’est donc parmi elles qu'il fallait absolument recruter des apprentis mineurs, L'expérience prolongée m'a démontré qu'en très peu de temps ils pouvaient devenir d'excellents travailleurs de mines, très vite au courant des travaux divers qui leur étaient confiés, et capables même d'initiative, dès qu’on prenait la peine d'exercer leur imagination.

« Le paysan serbe est travailleur, il besogne toujours, mais avec placidité ; il est bavard et ne se hâte jamais. Conduit-il son char, il a toujours le temps d'arriver. S'il marche sans perdre de temps il ne court jamais. Il ne manque pas d'mgéniosité, il est intelligent et adroit, et sait parfaitement adopter les méthodes nouvelles dès qu'il en a compris la portée.» (Alphonse Muzet : le Monde balkanique, Paris, 1917, p. 165-182.)