La Serbie

Mezdssy a édicté une ordonnance en vertu de laquelle l'Etat et le gouvernement austro-hongrois auront le droit et la faculté d'exproprier les biens des non-Magyars ét de les mettre à la disposition des Magyars. La ruine économique des peuples nonmagyars est donc le but des Magyars.

Voici le discours du ministre Mezüssy, prononcé au Parlement le 25 octobre, où, avec une clarté crue, il détermine le sens de l'ordonnance :

«“ Le gouvernement, a dit le ministre, se basant sur le droit que lui confère la loi sur le pouvoir exceptionnel, publiera certaines ordonnances qui seront en vigueur: exclusivement pour la durée de la guerre et qui tendront à renforcer la politique foncière magyare. Dans la première moitié de la guerre on a constaté avec tristesse que dans les régions les plus fertiles de la Hongrie méridionale, les terres se trouvaient dans les mains d'une population peu sûre. Des milliers de vies de soldats magyars auraient pu être sauvées si la population limitrophe avait été sûre et composée de gens dévoués à la patrie. Le même fait a été constaté dans le nord. L'armée russe, qui a attaqué notre patrie, a eu à sa disposition une carte géographique plus précise que nos cartes de l'état-major. La terre de ces régions menacées doit être dans les mains d'hommes dignes de confiance. Pour arriver à ce but, les modifications dans le transfert des terres seront subordonnées au consentement des autorités. Non seulement le transfert de propriétés, mais les baux eux-mêmes dépendront des autorités. La durée du bail ne pourra pas dépasser dix ans. En dernière instance, le ministre de l'Agriculture examinera, en cas de plainte, chaque question particulière. Je puis donner à tout le monde l’assurance que j'userai de ce droit exclusivement et uniquement au service de la politique foncière nationale du Mmagyarisme. Je veux employer aussi les moyens matériels que le gouvernement mettra à ma disposition pour sauver la Transylvanie. Lorsqu'on se mettra à l'œuvre pour résoudre la question de la politique, foncière de la Transylvanie, je tiendrai compte des services des personnages importants, avant tout du comte Etienne Bethlen, qui connait très bien la situation de ces régions. »

Naturellement, cette ordonnance a attiré l'attention de la presse qui approuve unanimement les mesures du gouveriement démocratique. Dans son éditorial, « l'Az Est », du 27 octobre, dit : « Nous croyons que l’ordonnance a Subi un retard de quelques années, mais on doit pourtant la saluer avec joie.

… Dans les régions limitrophes habitées par les nationalités, les non-Magyars, surtout les Roumains, ont acheté systématiquement les terres des propriétaires magyars. Il était grand temps d'arrêter cette offensive dangereuse, car si l'on tolérait cela encore, nos ennemis occuperaient simplement par leurs agents la terre qu'ils ne pourraient nous prendre par les armes. Le gouvernement doit veiller à ce que cette ordonnance ne soit pas seulement réalisée avec la plus grande sévérité, mais également à la base de la plus noble morale patriotique. »

La plus noble morale patriotique signifie, traduit en français, que tout ce qui n’est pas magyar doit être éliminé, supprimé et dépouillé de ses biens.

L'organe catholique « Alkotmany », dit: Nous pouvons établir que ces mesurés réaliseront des principes mûrs et pondérés depuis longtemps. Il est avéré dans la vie pratique que ces principes ne pouvaient plus être ajournés et que leur réalisation est devenue la haute exigence de toute la nation magyare. »

Le seul organe socialiste « Nepszava » a trouvé une phrase de réprobation contre ce nouvel attentat à la prospérité et à l’existence de millions de citoyens.

La « Nepszava » dit: « Bien que l’ordonnance attribue l'interdiction de transfert des biens à des causes de politique foncière, elle est faite quand même pour des causes et des buts nationalistes que nous réprouvons vivement. »

C’est la seule voix qui se soit élevée contre le nouveau témoignage de la démocratie magyare. ‘

L’ordonnance entre en vigueur le 1er novembre 1917 et englobe les départements « plus exposés », c’est-à-dire les régions habitées par les Slovaques, les Ruthènes et les Roumains. Mais l'ordonnance peut être étendue à la propriété foncière de tout le pays si les circonstances l’exigent.

C'est une très douloureuse ‘étape des peuples non-magyars, mais nous espérons, ayant une croyance immuable dans la justice immanente, que les dessins infernaux des Magyars ne se réaliseront pas. Le monde entier y veillera. LEP:

| lerait au premier conflit

LA SERBIE

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L'Autriche-Hongrie et la paix” :

— Le comte Karolyi et M. Jaszi à la Conférence de Berne —

À titre documentaire et pour compléter l'article paru dans notre avant-dernier numéro sur Karolyi et Jaszi, nous reproduisons ici une interview publiée dans le journal « La Suisse » du 2 décembre :

Descendu à l'hôtel de la Paix — seraitce un choix prémonitoire? —' M. Oscar Jaszi, le leader du parti radical hongrois, qui assista à la récente conférence internationale de Berne, a fait à ce sujet les déclarations suivantes: =

Cette réunion de pacifistes belligérants et neutres! avait pour but de rechercher les conditions scientifiques d’une paix durable. Au premier rang de cesconditions figure le libre développement économique et national de tous les peuples. Dans tous les cas où le mélange des races, comme il arrive particulièrement en Hongrie, rend impossible l'attribution du territoire à telle ou telle nationalité, il convient d’assurer par tous les moyens l'indépendance économique et intellectuelle des minorités.

L’arbitrage obligatoire est le corollaire nécessaire de cette réorganisation de l'Europe, arbitrage qui comporterait, dans l’esprit des participants à la conférence de Berne, des sanctions effectives : boycott économique et même, dans les circonstances extrêmes, intervention de l’armée internationale permanente.

Ces garanties, remarque avec raison M. Jaszi, ne sont pas suffisantes et l’ensémble des résolutions adoptées par la conférénce relève encore de cette « alchimie pacifiste » dont on abusait avant la guerre.

Les véritables fondements d’une paix durable seraient, selon le démocrate hongrois :

1. Le retour à la politique du libre échange et la Suppression de la diplomatie secrète ; 2. Le libre développement des minorités natipnales. En Hongrie, où ce problème des nationalités est tout particulièrement ardu, il suffirait d'instaurer une politique de sincère démocratie pour aplanir les difficultés intérieures. Une refonte de la Constitution est indispensable et le projet de suffrage universel qui vient d’être élaboré marque un premier progrès en ce sens.

Les forces populaires sont décidées à lutter contre la suprématie féodale et ploutocratique et l’on est en droit d'espérer, dit ie professeur Jaszi, que l’on arrivera” progressivement à instituer dans tout le pays le suffrage secret.

La question yougoslave, l’une des plus importantes, admet, du point de vue austrohongrois, une solution équitable, qui serait d'accorder l'autonomie intégrale, dans le cadre de la couronne de Saint-Etienne, à toutes les parties historiques des Slaves. Le premier pas en ce sens vient d’être fait: la Dalmatie sera, d’après les déclarations récentes du ministre Wekerlé, rattachée à la Croatie-Slavonie.

À ces vues personnelles, le chef du parti radical ajoute qu’il ne peut imaginer une paix solidement établie sans la reprise de relations amicales entre l’Autriche-Hongrie et une Serbie reconstituée, libre et forte, et désormais à l’abri de la guerre douanière qui lésait autrefois ses intérêts vitaux. De son voyage en Serbie occupée, M. Jaszi a rapporté la conviction que de telles relations, économiques et intellectuelles, sont la condition primordiale d’un équilibre définitit. Adversaire des idées de Naumanr) créateur du rêve pangermaniste du « MittelEuropa » — il envisage l'avenir de l'Europe centrale comme une confédération d'Etats, noyau de la future Société des

nations. *

* _*k C'est également l’idée de la démocratisation générale que le comte Michel Karolyi, interviewé sur le même sujet, a développée en y insistant fortement :

— Plus de diplomatie secrète, plus de:

traités internationaux inconnus des peuples qu'ils lient et qu'ils peuvent entraîner en d'effroyables conflits par le seul jeu des combinaisons de chancelleries. Il faut que partout le contrôle de la nation devienne effectif : il est encore trop formel, même dans les pays avancés.

La paix ne pourra s’édifier que sur ces bases. Tout l'édifice des conventions s’écrousi l'arbitrage obligatoire ne recouvrait pas une volonté d’entente et de compréhension réciproque.

En ce sens, dit le comte Karolyi, la conférence de Berne a échoué: seuis les Centraux y étaient représentés et les délégués allemands, toujours imbus, selon leur collègue hongrois, d’un esprit peu pratique, ont

ns sait qu'aucun représentant de l’Entente n’y particiait. .

contribué à cet échec. Le vrai moyen de travailler à la paix, telle est du moins l’idée de Karolyi, serait d'obtenir de la France et de l’Angleterre de ne pas refuser les passeports à des. délégués officieux qui se rencontreraient en Suisse, en une réunion privée, avec les représentants des puissances centrales. Dans cette réunion, dont les déli-

bérations n’engageraient pas les gouverne-

ments, on discuterait les questions préliminaires et l'on fixerait la date du congrès officiel. L'idée est séduisante pour les Austro-Allemands; mais il y a fort à parier qu'elle sourira médiocrement aux Alliés, désireux de vaincre avant de s'assembler autour du tapis vert!

De toute manière, a dit encore Karolyi, c'est dans et par la. démocratie que seront résolus les problèmes essentiels — entre autres celui des nationalités en Hongrie. Questionné au sujet des revendications yougoslaves, le délégué hongrois s'est déclaré tout disposé à travailler en vue d’un accord mais refuse d'exposer tout son programme. Au sujet de l'Europe centrale, il ne se montre pas moins réfractaire que Jaszi aux théories de Naumann et n’hésite pas à déclarer que l'union intime avec lAllémagne serait funeste à l’AutricheHongrie. Venant d’une personnalité de cette envergure, l'opinion mérite qu’on la souligne. — Vous pouvez, a dit textuellement Karolyi, le crier sur les toits: nous qui ne désirons aucune annexion, ne voulons pas non plus être annexés. Nous tenons à conserver toute notre indépendance économique, politique et militaire, et non pas à tomber dans la sphère d'indépendance exclusive de l'Allemagne.

Entre l’Autriche et la Hongrie, des différends ont aussi éclaté. Ils ne sont pas sans importance, mais une fois la question du Mitteleuropa tranchée, il ne sera pas impossible de trouver un terrain de conciliation.

Et la paix avec la Russie ? A cette question, Karolyi hésite, puis répond avec le visible souci de ne rien compromettre :

« La situation est si obscure... hier, Kerenski, aujourd’hui Lénine, demain. comment prévoir si l’armistice, une fois conclu, nous acheminera vers la paix ?»

On le voit, les délégués austro-hongrois semblent animés des meilleures dispositions. Peut-être ne voient-ils pas eux-mêmes la contradiction aveuglante entre leur idéal

démocratique et les solutions boiteuses

qu’ils proposent des problèmes concrets les plus graves. Leur optimisme risque, dès lors, de n’être pas généralement partagé. L'idée d’une démocratisation réelle de la Hongrie apparaît à tous ceux qui connaissent la monarchie, utopique au premier chef, et les Yougoslaves en particulier, ne Sauraient concevoir une paix durable et sincère sans la satisfaction complète des aspirations de tous les peuples soumis à l’'Autriche-Hongrie. Toutefois, ce fait est significatif que le souffle démocratique en train de passer sur l’Europe n’épargne pas —— en apparence tout au moins — Ja citadelle millénaire de l’autocratie et de la féodalité. a

LA POLITIQUE EN AUTRICHE-HONGRIE

Les Allemands contre les Yougoslaves

La « Tagespost » du 29 septembre écrit :

Il est nécessaire de mettre de côté les fantaisies folles qui allaient jusqu’à prétendre instaurer une réunion des Slovènes avec les Croates et les Serbes en un Etat yougoslave. Les bonnes gens qui ont imaginé ce plan, disent qu'ils ne se considèrent Pas pour cela comme les adversaires de la politique générale du Mitteleuropa. Ils prétendent ne pas vouloir dissoudre l’allance qui existe entre l'Allemagne et l’Autriche. Ils oublient cependant que la Séparation du territoire adriatique de l'Etat autrichien serait le coup le plus dur qui puisse frapper non seulement les Allemands d’Autriche, mais-encore toute la nation allemande. Si l’on Sépare le territoire adriatique du corps de l'Autriche pour en constituer. un royaume Yougoslave, même Sous le sceptre des Habsbourg, alors la nation allemande et plus particulièrement les Allemands d'Autriche se trouveront privés de tout accès à la mer. Si un Etat de ce genre vient à se réaliser, il voudra prétendre à une politique indépendante en matière commerciale et ferroviaire et alors malheur au développement du commerce et de l’industrie dans les terres danubiennes et des Sudètes! Donc, si les Croates désirent continuer à vivre en paix avec l'Au-

“A

Dimanche, 16 Décembre 1917 - Ne 59

triche et l'Allemagne, si nous voulons noue. sentir frères dans cet Etat de nations qu'egn l'Autriche, alors, on ne doit jamais nous) priver de notre libre accès à la mer. Ce

notre premier et notre _dernier mot, et disposés que nous puissions être à ces con cessions dans la question du droit des peu. ples de disposer d'eux-mêmes, NOUS ne pos vons eu aucun Cas Sacrifier notre existence. nationale et notre bien être Économique» aux utopies pan-yougoslaves. PA L’annexion de la Serbie et du Monténégro * La « Hrvatska Drzava » de Zagreb, du ù 19 octobre, écrit: | : 7e « L'Information» de Vienne prêche dé nouveau l’annexion par la monarchie ausfro. hongroise de la Serbie et du Monténégro. Ne pouvant naturellement pas demander} cela ouvertement, elle engage la population. de ces pays à se prononcer en faveur des l’annexion. C’est grâce à « l’idée YOUgo= slave » et à l’aide des Croates et des Sr bes de la monarchie austro-hongroise qu'en

pourrait, dit l'Information, réaliser ce

programme, en leur promettant une grande Yougoslavie autonome dans le cadre de la monarchie, avec exclusion toutefois des Slovènes. 4 Les Messieurs qui se groupent autour de cette « Information » ne savent ni lire ni. écrire, autrement ils n'auraient pas proféré de tels blasphèmes! Est-il possible que dans. une tête bien équilibrée puisse naître l’idée qu’un seul Serbe de Serbie ou du Monté. négro pât voter l'annexion de sa patrie à. une misérable autonomie YOUgu-" slave dans le cadre de la mMmOonar-N chie austro-hongroise ?! Peut-on pen: ser de même qu’il puisse se trouver dans 4 la Monarchie un seul Croate ou un se J Serbe pour se hasarder à faire dans la. Serbie ou dans le Monténégro libre unes propagande en faveur d’une idée aussi. inepte que celle des seigneurs viennois ?» Les Croates se chargent eux-mêmes de railler l'idée d’une Yougoslavie dans le. cadre de la monarchie habsbourgeoise avec. annexion de la Serbie et du Monténégro. \ Ils veulent, au contraire, un Etat yougoslave “ indépendant en dehors de l’Autriche-Hongrie et réunissant tous les Serbes, les Croates et les Slovènes. 4

LES ÉVÉNEMENTS DANS LES BALKANS

BULGARIE L’anniversaire de M. Radoslavoff

On écrit de Berne à l'Agence Balkanique : ‘3

Au mois de mai 1918, le président du Conseil bulgare aura à célébrer un glorieux anniversaire. Cet anniversaire prend un caractère particulièrement important quand on sait que M. Radoslavoff est désigné par. son auguste maître pour présider aux des- « tinées de la Bulgarie le jour de la liquida- « tion définitive.

Au mois de mai 1903, Sofia accouraient chaque soir vers sept . heures devant Je Siège de la Haute-Cour bulgare pour voir un Personnage curieux, : aux allures plutôt suspectes, entouré de gendarmes, la tête baissée, les mains dans

=)

les habitants de 1

Jes poches, conspué et malméné par une .

foule indignée. Ce Personnage n'était autre « que le président du Conseil actuel en Bul- | garie, le Dr Vassili Radoslavoff, celui même . qui Signa l’acte funeste de l'intervention * bulgare aux côtés de la Prusse. ‘ Le procureur d'Etat M. Malinoff, actuel- lement chef des démocrates, dans son ré- # quisitoire sévère, avait accusé le nommé … Vassili Radoslavoff, 52 ans, marié, origi-. naire de Lovetch, d’avoir durant son pas- » sage au pouvoir en 1899-1900, sacrifié Jes intérêts du pays à ses propres intérêts, d'avoir encouragé et toléré une ‘corruption indigne, d'avoir abusé de son pouvoir mi- « nistériel, d’avoir enfin fourni à l'Etat, avec : la complicité de M. Tontcheff, actuellement Ministre des Finances, un grand nombre de wagons pourris. Le procureur d'Etat : avait les preuves en mains. Les accusa- tions étaient formellement établies et la 08 Haute-Cour prononca à l'unanimité un ver- * dict condamnant le nommé Radoslavoff à : huit mois de prison. 4 Ceci se passait en l’an 1903... 5 En 1918, le 15u anniversaire de cette in-

Den RE ES

et de son but... Les représentants bulgares « auront à S'appuyer sur l’œuvre de M, Radoslavoff. à

En 1903, M. Rad es Rd adoslavoff était dans les :

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Tout le monde souhait our-fà justice soit faite, . © que ce. jour