La Serbie
Dimanche, 23 Décembre 1917 - Ne 51 EE —
vous le 9 mars 1915, à l'hôtel Regina, à Paris. Nous avons conclu ce jour-là que la Bulgarie serait seule responsable de ses actes et aurait à supporter les conséquences de sa vie politique si elle venait dè”se ranger aux côtés de la Prusse. Quelques mois plus tard ces craintes se sont confirmées. Mieux encore, la Bulgarie s’est jetée tout entière, corps et âme dans les bras des Prussiens qui sont aujourd’hui les véritables maîtres du pays et qui se réjouissent de tout cœur, lorsque au Parlement anglais, un député anglais, rend hommage à leurs valets… Léon SAVADJIAN, Directeur de l'Agence balkanique.
La Suisse et la Serbie
Lors d’une assemblée de protestation contre le recrutement forcé des Serbes, un “orateur genevois a eu ce mot heureux: 4 la
Serbie, c’est la Suisse des Balkans ». Ce n'est pas là comme il arrive trop souvent une creuse formule oratoire : tout un ensemble de facteurs concourent à justifier, entre
.{a Serbie et la Suisse, une telle parenté d'âmes.
Petits pays tous deux, et tous deux à la fois de mœurs patriarcales et de culture avancée, ils se ressemblent surtout par l'esprit qui inspira leurs luttes historiques. Egalement jaloux de leur indépendance, ils n’ont pas eu la même fortune: la Serbie, moins privilégiée que la Suisse, ne conquit sa pleine liberté qu'à une époque assez récente. À peine délivrée du Turc, elle fut menacée par d’autres et l’on ne dira jamais assez combien ont été méritoires ses efforts pour la sauvegarde d’une indépendance intégrale. Pour n'avoir pas voulu la sacri-
fier, la petite Serbie, acculée par l'Autriche
à la guerre, fut contrainte de prendre les armes.
Ce geste, en Suisse, souleva d'unanimes approbations ; placés devant une même alternative, les bergers des Cantons n’eussent pas hésité. Eux aussi autrefois, après avoir chassé les baillis de l’Empire, assoifé déjà d’une domination universelle, durent se résoudre à lutter un contre dix. Et, comme les Serbes avant la trahison bulgare, ils repoussèrent un envahisseur plus nombreux, mieux armé, mais que ne soutenait aucun idéal national.
Aujourd'hui,que voyons-nous? une Suisse unie, groupant autour des-bannières fédérales tous ceux qui les voulurent pour emblêmes. Une Serbie écrasée, mais qui veut vivre et vers laquelle tendent les bras tous ses enfants opprimés par les Germains et les Magyars. Une si légitime volonté de s'unir enfin en un Etat indépendant, la Suisse, fidèle à son histoire, ne peut que l'approuver hautement. Et dans les vœux ardents qu’elle forme pour lavenir de la Serbie, je vois une preuve encore de leur étroite ressemblance. Ce sont deux âmes sœurs.
M. D.
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PETITES NOUVELLES
Notre rédacteur en chef, M. le Dr. Marcovitch, est rentré de Paris et il a repris la direction du journal.
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LA SERBIE
Le livre blane et l'alliance serho-grecque
Le gouvernement de M. Venizelos vient de :
publier, dans leur traduction grecque, les documents et la correspondance diplomatiques se rapportant à l'alliance serbo-grecque, l’abandon par la Grèce de ses obligations d’allié et toute la série des événements qui ont prouvé la duplicité des gouvernements de l'ex-roi Constantin.
Pour la première fois, nous avons le texte de cette alliance, tant discutée, ainsi que deux conventions militaires, le tout publié après accord des deux gouvernements respectifs. Nous pourrons donc juger tout une partie — et la plus importante peut-être — de la tragique histoire du peuple serbe dans cette guerre, qui
aurait pris une tournure tout autre, si M. Veni-
zelos avait réussi à faire appliquer de suite le traité, comme on pouvait s’y attendre.
En effet, dès son premier article, la Convention militaire, signée fin mai 1913, fait prévoir une attaque de l'Autriche et stipule pour ce cas l’aide immédiate et entière de la Grèce.
Art. 1: « Dans le cas d’une guerre entre un des Etats alliés et une troisième puissance, guerre qui serait déclanchée dans les conditions prévues par le traité d'alliance entre la Grèce et la Serbie, ou dans le cas d’une attaque soudaine de l'armée bulgare avec des forces importantes — au moins deux divisions contre l'armée grecque ou contre l’armée serbe, les deux Etats, la Grèce et la Serbie, se promettent éventuellement l’aide militaire, la Grèce toutes ses forces de terre et de mer, la Serbie toutes ses forces de terre. »
Ainsi que l’art. 1 du traité d'alliance auquel on fait allusion ci-dessus: « Dans le cas où un des royaumes est attaqué sans aucune provocation de sa part, les deux royaumes se prêteront aide de toutes leurs forces militaires. »
M. Venizelos a déclaré récemment que M. Pachitch lui avait bien fait entendre qu'il s'agissait là de l'Autriche; d'autre part, lui-même a invoqué cet article pour demander l'aide de la Serbie pendant la crise gréco-turque (voir sa dépêche du 29 juillet 1914 à M. Streit).
Mais il semble bien que sur la demande de la Grèce, les deux gouvernements s’entendirent à n’effectuer le concours militaire, stipulé par cet article immédiatement, qu'au moment où la Bulgarie aurait mobilisé contre la Serbie. M. Pachitch se désista alors de son droit après avoir reçu les assurances les plus formelles du germanophile M. Streit lui-même, que la
Grèce voulait tenir en réserve toutes ses forces.
de façon à tenir en échec la Bulgarie, son « ennemi héréditaire ».
Donc, la Serbie accepta de défendre seule les Balkans contre l’envahisseur du Nord, rassurée qu'elle était du côté bulgare par la parole grecque.
Mais les germanophiles de ce pays ne perdaient pas leur temps, et ce même M. Streit, transmettait la fameuse dépêche de Constantin à son beau-frère, qui l'invitait à marcher immédiatement contre les Slaves. L'ex-roi y déclarait qu'il n’attaquait pas la Serbie, uniquement parce qu'il ne pouvait pas le faire utilement pour Guillaume, car la Grèce, selon lui, aurait été dans ce cas anéantie par les Alliés. Il restera neutre par nécessité, et cela servira à l'empereur. Il ne touchera pas aux Bulgares, alliés de l’empereur, tant que ceux-ci ne lèseront pas ses intérêts locaux balkaniques.
Il ne faut pas se méprendre sur le sens. de la
dernière phrase. Les événements ont montré que l'indépendance des Balkans, le sort de la Serbie, n'entraient pas du tout dans les « intérêts locaux » des germanophiles d'Athènes, sauf, bien entendu, quand il s'agissait, comme le préconisait le ministre grec à Berlin, de se partager les dépouiiles de la Serbie, de concert avec l'ennemi héréditaire.
L'Allemagne cherchait ouvertement, dès le mois de septembre 1914, à s'assurer la neutralité grecque au moment de l'attaque bulgare projetée contre la Serbie. M. Venizelos l'a très loyalement fait savoir aux Alliés par sa circulaire du 13 septembre 1914 aux représentants grecs près les gouvernements de l’Entente. Celle-ci a donc été informée bien à temps du danger que courait la Serbie. M. Venizelos, fidèle à l’alliance, répondit au ministre d’Allemagne qui l'avait informé de l'accord bulgaroturc en vue d’une attaque contre la Serbie, que la Grèce se rangerait dans ce cas aux côtés de cette dernière.
Aussi, l'Allemagne renversa M. Venizelos, et nous pouvons lire dès le mois de juillet 1915, une dépêche du ministre grec à Bucarest à M. Gounaris, dans laquelle ce diplomate déclare avoir reçu l'assurance de son collègue allemand, que la Grèce resterait neutre en cas d'attaque bulgare contre la Serbie. Ce diplomate ne se doutait pas qu'il n'apprenait rien de nouveau à son chef.
Voilà donc pourquoi, en raison d'un accord encore secret entre l'Allemagne et la Grèce, ou tout au moins de promesses du kaiser à Constantin, le gouvernement de M. Zaïmis se refusa, au moment critique, à la veille de l'attaque bulgare d'octobre 1915, de s’acquittèr de ses obligations d’allié. C’est seulement en lisant les promesses que M. Théotokis faisait de Berlin et en ayant toujours à l'esprit la germanophilie des gouvernants d'Athènes, qu'on peut s’expliquer le courage de la Grèce d'envoyer à la Serbie un document de cynisme tel que sa réponse à l'invitation de M. Pachitch. M. Zaïmis allait même jusqu’à faire grief à son collègue serbe de ne pas l'avoir consulté —et cela après l'attaque bulgare! — sur l'opportunité de rompre les relations diplomatiques avec la Bulgarie. Mais le principal argument de ce mémorable document diplomatique, le « leit motiv » de la réponse grecque consiste dans l’affirmation gratuite et vraiment pitoyable, que la Grèce serait submergée par l'attaque germano-bulgare, si elle secourait son allié; donc, c'est dans l’intérêt serbe même qu’elle s’abstiendra, tout en attendant le moment favorable! Et nous savons tous que ce moment ne serait jamais arrivé sans l'intervention énergique du général Sarrail et de M. Venizelos.
La fin de la réponse serbe, simple et éloquente dans sa grandeur, rédigée en pleine retraite, mérite d’être citée ici: « Le gouvernement grec, tout en reconnaissant la possibilité de son intervention dans la guerre présente, considère que cette intervention doit être effectuée au moment opportun. Il est plus qu'évident que la Serbie et la Grèce, en unissant leurs forces, auraient repoussé les Bulgares bien plus facilement, même si ces derniers étaient aidés par les Allemands, que la Grèce isolée n'aurait vaincu une coalition germanobulgare, à laquelle elle aurait préalablemen} donné le temps d’abattre la Serbie. Par son attitude actuelle, la Grèce donne à cette coali-
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tion l’occasion d’abattre la Serbie d’abord et la Grèce ensuite, bien qu’il soit certain qu'elle n'aurait pas pu les abattre toutes les deux en même temps.
En ayant à l'esprit tous les arguments cidessus, aussi bien que les intérêts communs
réco-serbes, le gouvernement serbe désire attirer l'attention du gouvernement grec sur le fait que la Grèce nous a assuré à plusieurs reprises qu'elle interviendrait militairement, sous la seule réserve qu'il fallait laisser la Bulgarie attaquer la Serbie. L'intérêt seul de la Grèce lui dicte le devoir d'intervenir de suite avec toutes ses forces contre la Bulgarie, même si le traité d'alliance serbo-grec n'existait pas. Tout ajournement de l'intervention de la Grèce peut devenir fatal, non seulement pour la Serbie, mais aussi pour la Grèce. Aussi, le gouvernement serbe adresse un dernier appel au gouvernement grec pour que cette intervention soit effectuée de suite. »
L’attitude de la Grèce devient tout à fait hostile à son alliée dans la question du transport de l’armée serbe de Corfou à Salonique par voie de terre. La correspondance échangée à cette occasion montre qu'Athènes se voyait de plus en plus liée à l'Allemagne.
Les documents sur l'affaire Ruppel termipent le Livre blanc, en achevant de prouver définitivement la déloyauté des gouvernements de l’ex-roi, déloyauté allant jusqu’à la trahison et soulevant enfin le pays pour arriver au retour de M. Venizelos.
C’est seulement à, présent et lentement, que le peuple grec commence à s'apercevoir de quelle façon odieuse ses gouvernants ont trahi ses intérêts vitaux en trahissant la Serbie. Le peuple grec, conscient maintenant de ses intérêts, va bientôt avoir à les défendre de toutes ses forces, en réalisant le but de l'alliance qui a été défini dans le 4er article du traité: l'intégrité du territoire des deux alliés.
V. GUERASSIMOVITCH. RER
Les socialistes allemands et les prétentions bulgares
Au cours de la séance du Reichstag du 29 novembre, le député socialiste Faase, parlant au nom des socialistes indépendants, a dit entre autres:
« Nous voulons la paix générale. C’est pourquoi nous demandons que le gouvernement s'exprime clairement sur les buts de guerre à l’ouest, au sud et au sud-est. Nous demandons de même que le gouvernement nous explique son attitude à l'égard des plans annexionistes bulgares, qui, contrairement à l'opinion de notre collègue Wendel, ont été, malheureusement, appuyés par Muller, au nom de la présidence du parti social-démocrate. »
À cette remarque de Haase, le chef des socialistes majoritaires, Scheidemann, a ainsi répondu :
« Dans la question bulgare, mon collègue Muller s’est borné à affirmer que Wendel exprimait uniquement un point de vue purement personnel. » (« Vorwaertz » du 30 novembre).
Cette partie du discours de Haase n’a été reproduite que par le « Vorwaerts ». Aucun député, ni le chancelier lui-même, ne se sont prononcés, au cours de la séance du 29, sur les convoitises bulgares.
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côté de Djakovica et du côté de la « Patriarchie ». Les magasins sont
n'étaient installés là que depuis trois quarts de siècle et ne pouvaient vivre à la lettre qu'à l'abri de leurs canons et de leurs fusils. Quant aux chrétiens, n’en parlons pas. Tous les Serbes de Djakovica ou d'Ipek avaient eu quelqu'un des leurs tué par les Albanais. La vieille et célèbre « Patriarchie » d'Ipek est située à une demi-heure en amont de la ville, du côté de la montagne ; tout chrétien qui se risquait à aller d'Ipek à la « Patriarchie » avait quelque chance d’être atteint par une balle albanaise.
A Djakovica, les Serbes d'une part et les catholiques albanais de l'autre étaient si étroitement et rigoureusement consignés dans leurs quartiers respectifs, qu'ils n'avaient jamais pu connaître la partie de eur ville qui est la ville musulmane et qu'ils n’ont pu connaître leur ville que depuis la conquête. ‘
Telle était la situation, tyrannique et anarchique tout à la fois, qui était jusqu’à hier celle de toute la plaine de Kossovo et de toute la plaine voisine de la Métokia.
On a aujourd'hui l'impression d'un ordre véritable, — pas seulement superficiel et militaire, — mais réel et profond. Et c'est sur ce point, Monsieur le Ministre, que je me permets de vous donner, à titre de documents récents et authentiques, mes impressions personnelles.
J'ai eu la chance de faire ce voyage en compagnie de M. Gaston Gravier, lecteur à l'Université de Belgrade, qui est un homme de grande valeur et, si je puis dire, sachant le serbe et les Serbes !.
Nous avons causé avec des représentants de toutes les fractions de la population. Nous nous sommes même arrêtés, en pleine campagne, chez des paysans albanais, et nous avons vécu là, bénéficiant de leur hospitalité simple et joyeuse, quelques heures inoubliables.
Il y a bien évidemment des étonnés, des mécontents, des ulcérés.… Cela va de soi. Mais une détente générale des esprits se manifeste de la manière la plus évidente. Même les Musulmans, encore une fois, se rendent compte qu'un régime nouveau de justice et de sécurité a commencé. : 5
1 M. Gravier, qui fut un grand ami des Serbes, est tombé depuis au champ d'honneur.
Je voudrais pouvoir vous dire avec toute la force de ma conviction ce que j'ai constaté, à savoir: ce que les Turcs et les Jeunes-Turcs n’ont pu réaliser en ces provinces durant tant de siècles ou durant ces dernières années, les chrétiens — les Serbes — ont réussi à le faire.
Voici un exemple de ce que nous avons exactement contrôlé, — en notant les noms, — M. Gravier et moi.
À Djakovica, les riches propriétaires albanais musulmans qui sont les begs, sont venus trouver les autorités serbes et les autorités municipales et ont demandé la permission d'aller visiter leurs terres. Il y avait des années que, eux, les propriétaires du pays, les Musulmans maîtres de tout en apparence, n’osaient pas sortir de la ville, car, hors des murs, ils risquaient leur vie. Ils sont revenus enchantés et l’un d’eux qui a cinquante-trois ans nous a déclaré que, jusqu’à la conquête par les armées monténégrines, il n'avait jamais pu aller visiter ses propriétés.
Les nouveaux dominateurs ont organisé la vie municipale en constituant des conseils de commune, où sont représentées les diverses fractions de la population. Evidemment, les Serbes gardent la prépondérance et la majorité ; mais les Musulmans collaborent avec eux, c'est le point important. À Djakovica comme à Ipek, le maire est un Serbe du pays. J'ai pu m'entretenir dans ces deux villes avec les maires ; Ce sont des hommes de sang-froid, sérieux, appliqués, très noblement préoccupés des conséquences lointaines de leur tâche d'aujourd'hui.
Il faut ajouter que, pour tout ce qui relève de l’organisation militaire, il y a une différence très sensible entre le secteur qui est confié à l'armée serbe et celui qui appartient à l'armée monténégrine. Les premiers, les Serbes, me paraissent avoir à un haut degré le sens de l'organisation, et les événements de la guerre ont prouvé que c'étaient évidemment eux qui étaient les mieux préparés de tous les alliés balkaniques. Pour l'instant, un effort énorme vient d’être accompli dans ce qu’on appelait la Vieille-Serbie. Non seulement les routes sont devenues sûres, mais, ce qui est mieux, les routes commencent à être construites. Ipek, l'inaccessible, a des tronçons de route bien faits et du
bâtis selon des types nouveaux; le pittoresque y perd beaucoup et la géographie humaine encore davantage ; mais tout cela est le signe d’un élan économique vraiment puissant. On a l’impression d’un réveil total.
Avec sagesse et habileté, les Serbes et les Monténégrins ont désarmé les Albanais ; or, un fusil pour un Albanais était chose plus essentielle qu'une chemise. On rend les fusils à ceux qui se font baptiser. Ce n’est pas pour pousser aux conversions qu’on use de cette tactique ; mais, de fait, il y a un certain nombre d’Albanais qui passent à l’orthodoxie sinon par conviction religieuse, du moins pour avoir le droit de jouir de la considération de porter un fusil. De là, ces conversions dont l’Autriche, avec tout le pharisaïsme qui lui est coutumier, s'est montrée irritée.
J'ai photographié plusieurs de ces Albanais ayant reconquis le droit au fusil. |
Ne jugeons pas trop vite de ces faits qui se passent sinon loin de nous, du moins en des mentalités si éloignées des nôtres.
Lorsqu'on sort de la Serbie et qu'on se détache peu à peu de la Slavie pour pénétrer dans l’Albanie, on est saisi par l'aspect physique de ces montagnards. Nous, Latins, nous sentons que nous retrouvons des Méditerranéens, et nous ne pouvons nous défendre d'une réelle sympathie, impliquant la justice. Il y a loin de là à l'illusion de fonder uniquement une politique sur d'aussi vagues affinités.
Les Albanais sont très loin d'être dépourvus de hautes et nobles qualités, mais ce sont des hommes de l’âge féodal, et ce sont des montagnards vivant par familles et par tribus. ll ne faut ni les ravaler, ni les magnifier. Ce sont les Monténégrins qui, par leur genre de vie : sinon par leur race, se rapprochent le plus des habitants de l’Albanie. Les Monténégrins, eux aussi, vivent par tribus. Ils font la guerre par familles et par tribus. Pour les besoins de la cause et pour la façade « européenne », ils appellent une tribu une brigade ; mais les brigades monténégrines sont exclusivement composées d'hommes liés par la tradition et par le sang. (A suivre)