La Serbie

nous portons sur la Bosnie et l'Herzégovine les droits de notre souveraineté, etc. » Les Bosniaques, par l'intermédiaire de Tcherviche-bég Miralem, notable musulman très en vue, ont déjà alors protesté à la Diëête, contre toute tentative d’une annexion constitutionnelle, car ils savaient que la question de Bosnie-Herzégovine {ait partie de la question yougoslave et que les solutions partielles ne peuvent qu'enrayer notre unité nationale; ils savaient aussi que jamais dans le cadre de la Monarchie nous ne pourrions étre libres. Aujourd’hui aussi, malgré que la Diète bosniaque soit dissoute, les Bosniaques et les Herzégoviniens se sont solidarisés pour mener, avec leurs chefs yougoslaves au Parlement de Vienne, une action vigoureuse en vue de la libération de leur pays. Après la manœuvre de M. von Seidler, ils n’ont pas hésité à réagir et leur pensée se résume dans les paroles prononcées par un de leurs députés : « Nous savons très

bien, disait-il, qu’une grande Croatie, que

l'Autriche nous offre, serait d'ores et déjà mise à la merci des Autrichiens et des Magyars. Nous, Serbes et Croates, répondons à M. Seidler, avec la même indignation et avec la même énergie que les Slovènes : Jamais ! »

Le temps nous dira si les imaginaires et ridicules droits historiques des Magyars auront le dessus sur la volonté énergique d’un peuple conscient de lui-même."

D'M.S.

Les Bulgares et les déportations serbes

Le « Genevois» du 18 mai a publié une lettre de M. M. D. Marincovitch, sur les déportations des Serbes en Asie-

Mineure, faites par lés autorités bulgares. :

Cette lettre, contenant des documents irréfutables, constitue une nouvelle preuve de brutalité bulgare dans les régions occupées. Mais elle prouve aussi la mauvaise foi dont les intellectuels bulgares se servent pour masquer les agissements de leurs autorités. Nous reproduisons ici les passages suivants de eetté lettre si bien documentée:

« Mais le plus important de la lettre de M. Mikoff c'est le passage qui parle des déportations. M. Mikoff reconnaît les déportations des Serbes en Bulgarie, mais il conteste formellement que les ‘déportés aient été envoyés en Asie. Au lieu de S'en tenir à la parote de M. Mikoff, il est préférable de fournir des preuves. Ces preuves furent recueillies par M. Reiss, professeur à l'Université de Lausanne, et elles sont convaincantes. Voici ce que M. Reiss dit des déportations en Asie:

« J'ai spécialement interrogé des prisonniers bulgares, au sujet de cette -question ét j'ai obtenu un grand nombre de témoignages qui confirment complètement le contenu de mon télégramme du mois de mai. »

FEUILLETON

De" ee DÉRUNS ERNRT APS SR R E i

L'UNIVERSITÉ 0e, BELGRADE

aux Professeurs des Universités des États alliés

Au moment cù en Europe el en Amérique on disde ‘tous les .Yougoslaves et surtout à l’occasion des conditions de paix exposées MM. Lioyd George et le président Wilson, les proés à l'étranger,

cute le sort de la Serbie et

par

fesseurs de l'Université de Belgrade, réfugi: l'intermédiaire des Universités, des à tous les peuples, en compagnie desquels les Serbes combattent l'ennemi commun, le pré-

croient devoir. par pays alliés, adresser

sent appel. . Au nom du peuple serbe, et intellectuels, ils déclarent que,

accorde aux nations la

clarations de ses propres sujels.

particulièrement de ses depuis le début de la guerre, les Serbes ont toujours considéré qu'un seul principe est capable d'assurer en même temps que le salut et l'avenir des Serbes, Croates, Slovènes, une paix véritablement juste et durable. Ce principe est celui qui libre disposition de leur sort.

Voici quelques-uns de ces lémoignages bulgares:

« Joseph Pekow-Lioutonow, du 2e régiment d'artillerie de mantagn® dit: « Tous les Serbes qui se sont révoités, jusqu'à l'âge. de 60 ans, onl été bannis en Asie-Mineure, »

« Sava Ivanow, sous-officier du 2e régiment d'infanterie, déclare: « Tous les jeunes gens des environs d@ Leskowats ont été envoyés en Asie-Mineure. Le peu le n'était pas du tout content de ce qu'on envoyât ainsi les chrétiens chez les Tures, parce que, malgré tout, les Serbes sont des orthodoxes, tout comme Les Bulgares. Mais dans les sphères élevées on était d'avis que ces jeunes gens seraient «mieux maltraités » chez les Turcs. Là-dessus Mackensen a donné l'ordré que tous les Serbes rebelles fussent, sans distinction, déportés en Asie-Mineure. »

Un officier du 22e régiment d'infanterie a communiqué: « Une partie des Serbes révolutionnaires ont été envoyés en Asie-Mineurs.».

« Georgi Panow, caporal au 8e régiment d'infanterie, 8e bataillon, 9e compagnie, a entendu dire que les rebelles étaient envoyés en Asie-Mineure, » s

« Anasthase Panow, du 2e régiment d’infanterie, 3e bataillon, 108 compagnie, déclare: « Après la rébellion, les Bulgares ont brûlé tous les villages de l’arrondissement de Lébane êt ils ont envoyé la population en Asie-Mineure. »

« Dimitar Todorow Popow, caporal au 9e régiment d'infanterie, 2e bataillon, 5e compagnie, a déclaré:

« Parmi les prisonniers, les plus vieux ont été retenus en Bulgarie et les jeunes ont été envoyés en Asie-Mineure. »

« Et voici la déclaration d’un témoin oculaire, I s'appelle Achiïle Nicolaiew et il appartient au 43e régiment d'infanterie, IL déclare: « Je confirme avoir vu deux transports d'hommes serbes à Andrinople. Ils se rendaient en Asie-Mineure. »

Gette petite. collection de déclarations, que je pourrais facilement compléter, je veux uniquement la terminer par la déclarration du sergent de la gendarmerie serbe, Doucham Mancilovitch, qui a été fait prisonnier en 1915. lors de la retraite, mais qui a réussi à échapper aux Bulgares, qui voulaient l'incorporer dans leur armée. Il déclare:

« J'ai appris, des soldals bulgares, que les familles des hommes de la région de Morawa qui ne s'étaient pas présentés, étaient envoyées en Asie-Mineure. »

De cette dernière déclaration, il semble que l’on puisse déduire que des Bulgares ne se sont pas contentés des déportations de la population provenant des régions rebelles, mais qu'ils ont également appliqué cette mesure à d’autres parties du pays. ÿ

Il sera difficile, pouf le gouvernement de Sofia, de démentir sans plus ces dé-

Le fait des déportations en Asie-Mineure est donc prouvé, et il témoigne quelle valeur on peut accorder en Ce moment-ci aux démentis du gouvernement bulgare.

Ces révélations du professeur Reiss sont publiées par de « Télégraff » du 22 mars. Etes en disent plus long que les démentis de M, Mikoff.

En vous priant de bien vouloir publier ces explications, qui permettront à vos lecteurs de juger, je tiens à vous assurer, elc.

M. D. MARINCOVITCH. avocat.

Trois facteurs ont toujours

promis de 1867,

les peuples de la Monarchie.

et les Croates.

recherchait l'appui. Mais le répondant à kappel

lorsque, î en 1690, passé en

avaient,

tie, les Allemands ‘et 1es Magyars. Autriche et les Magyars ten Hongrie, ne constituant qu'une minorité soutenue par les Habsbourg; se sont mis d'accord en 1867 pour pouvoir régner dans l'Etat au préjudice des autres nations. Au cours des deux siècles qui ont l’histoiré intérieure de l’Autriche-Hongrie n’est qu'une lutte continuelle du pouvoir central, poutenue par les Allemands, Farmée

et le pouvoir central ont toujours fait des peuples leurs: instruments, les lançant lés uns contre les autres, suivant les circonstances: les Serbes fagyars; les Italiens contre les Serbes et les Croates; les. oumains contre les Serbes; les Magyars contre les Serbes :

‘Aux heures du danger, PAutriche a toujours consenti de grandes concessions aux diverses nationalités dont elle

aussitôt les concessions. Les privilèges accordés aux Serbes

respectés, bien. que quatre souverains successifs les eussent ratifiés. En 1848. un territoire séparé et autonome

L'Amérique et le problème d'Autriche-Hongrie

D'après un télégramme de Washington au « Times » en date du 31 mai, M. Lansing, ministre américain des affaires élrangères, À fait une déclaration officielle sur le Congrès des nalisnalilés opprimées à Rome. Dans cette déclaration le ministre américain dit que le gouvernement des Etats-Unis à suivi avec le plus grand intérêt les travaux du Congrès: « Les aspirations nationales des Tchéco-Slovaques et

des Yougoslaves, a ajouté M. Lansing, jouis-

sent auprès du gouvernement américain des plus sérieuses sympathies ».

Cette déclaration marque un changement profond dans l'attitude des Etats-Unis envers l'Autriche; elle doit être interprétée dans le sens d’un élargissement du fameux point 10, comptant au nombre des quatorze conditions d'une paix permanente exposées par de président Wilson dans son message au Congrès, le 8 janvier dernier.

Comme nos lecteurs se le rappellent, la président Wilson avait formulé dans le message de janvier dernier l'opinion suivante sur l’Autriche-Hongrie: « Aux pêuples de l’Autriche-Hongrie dont nous voillons voir la place parmi les nations sauvegardée et assurée, seront accordées les meilleures possibilités d’un développement autonome ».

Nous sommes très heureux de pouvoir enregistrer ce changement dans Ja politique américaine, si ardemment souhaité par tous les peuples opprimés.

Nous reviendrons dans notre prochain numéro sur cet événement important, ainsi que sur la dernière décision du [onseil de Versailles.

0 D TES

Les toasts de Sofia

Charles ue Habsbourg et Ferdinand de Cbourg viennent d'échanger à Sofia des toasts ui. malgré leur orme cnventiennelle,. contiennent quelques indications utiles à retenir. Ce que Von ccnstate d'abord, c’est l'insistante avec aquelle le roi Ferdinand rappelle l’«amitié traditionnelle » existant entre l'Autriche et la Bulgarie et l'empressement de l'empereur Charles à exprimer l'espoir que l'amitié austro-bulgare, « établie depuis longtemps», sera maintenue aussi à l'avenir, plus solide et plus intime. Le jeune empereur, revenant du grand quartier allemand, où il à dû jurer la fidélité à l'Allemagne, a été probablement très flatté ue voir Ferdinand de Bulgarie jurant à son tour, -à lui, empereur V’Autriche, une fidélité inébranlable. Mais les Bulgares, selon leur habitude, ne font rien sans se faire payer. Aussi le roi des Bulgares at-il dit dans son discours que «les liens traditionnels umissant la Bulgarie à l'Autriche justifient, l'espoir «d'une lronlière commune avec les Etats des Habsbourg». L'empereur Charles a répondu qu'il nourrit les mêmes sentiments envers les Bulgares et qu'il espère également que l'amitié austro-bulgare sera, «pair le voisinage immédiat», resserrée encore davantage. “Nous ne voulons pas examiner le tond des aifirmations anticipées et gratuites contenues dans ces toasts, La guerre m'est pas encore terminée et la joie des deux mionarques germanques est, en tous cas, prématurrée. Réppelons seulement aux associés germaniques les paroles généreuses du président Wilson «que l'Allemagne se trompe si elle croit que l'Amérique racrifiera qui que ce soit». Il m'est pas pourtant sans intérêt de souligner un fait caractérislique qui ressort des déclarations échangées. Le roi Ferdinand ne parle plus «de «l'unité, nationale bulgare » que soi gouvernement affichait partout où il fallait sappror prier des terres d'autrui, I semble que les : utrichiens 6e soient ‘opposés À rette formule par

dominé l'Autriche: la dynas- | Magyars,

Les Allemands .en

ces trois facteurs | général,

précédé ce com-

et-da police, contre Dans ‘cette lutte, la dynastie

et les Croates contre les

péril conjuré, elle annulait

de l’émpereur Léopold, ils Auïriche, ne furent jamais

guitch ».

à trois reprises, lorsque ‘le les aspirations de l'impérialisme magyar l’exigeaient, En en Croatie, comme dans toutes les autres contrées où nos populations manifestaient leur force vitale, régnaient la terreur et la violence.

En un mot, on peut dire que ous les efforts gouvernementaux tendaient surtout à affaiblir les Serbes, les Croates et les Slovènes au point de vue national et Économique, On faisait la guerre aux écoles serbes et on les fermait; on prohibait-les livres serbes; les Serbes de Hongrie, qui sont plus d’un demi-million dans la Batchka et Je Banat, n'avaient pas de représentant national au, , Parlement; les institutions économiques dues à linitiative serbe privée, étaient, de la part du gouvernement hongrois, l'objet de tracasseries multiples qui aboutis[saient invariablement à T’abolition ; aujourd’hui, il est même interdit aux Serbes, sujets hongrois, d'acquérir en Hongrie des biens immobiliers, ‘ete.

Samedi 1 Ne 21

amedi 15 Juin 1918 —

trop rüdieule par rapport au territoire serbe que la Bulgarie réclame pour obtenir une” frontière commune avec la monarchie. C’est pourquoi «le aésir du roi Ferdinand d'une frentière commune» n'a 6lé motivé par les raisons habituelles bulgares, mais uniquement par la nécessité «avoir un pont entre la Bulgarie el les Centraux. D'autre part, l'empereur Charles, dans ses lettres au prince Sixte de Bourbon et Fancien, ministre Czernin, dans un de ses derniers discours, assuraient aux Serbes que leur Etat sera restauré et que les Bulgares n’obliendront que quelques territoires «habités par les Bulgares ». Or, malgré le courage fantastique que mettent des «savants» de Sofia à découvrir partout des Bulgares, ils mont pas encore osé affirmer que la région entre le Danube et le T imok est habitée par les Bulgares. Cetle région est Le pendant nécessaire à la Bulgarie si elle doit servir de pong pour les communications de l'AIlemagne avec la Turquie et l'Asie.On voit 0e. que valent lés promesses autrichiennes [ :

L'Autriche-Hongrie et l'opinion suisse

La «Gazette de Lausanne» du 4 juin publie un. article fort judicieux du Dr Victor Kuhne, sur (le problème 4’Autriche-Hongrie. Dans cet article, intitulé: «Aux créateurs d'Etat sur le papier», M. Kuhne s'élève contre les publicistes alliés et neutres qui voudraient préférer à une solution logique et juste de la question d'Autriche-Hiongrie, une combinaison, artificielle contraire au désir et au sentiment des peuples intéressés. |

Nous tenons à enregistrer aussi la conversion ae M. William Martin, rédacteur politique au «Journal de Genève» qui, comme on le sait, a étendu avec ardeur le jet d'une rénivation. ‘de Ja vieille monarchie et sa péparatioix avec l'Allemagne. Dans le «Journal de Genève» «iu 4 juin, M. Martin déclare que la politique fondée sur l'idée d'une régénération de l’Autriche-Hiongrie est linie. Sans vouloir discuter avec le distingué publicisie genevois si une telle politique avait une chance quelconque d’aboutir, nous sommes heureux de voir M. Martin aühérer à un point de vue que mous avons toujours soutenu dans «La Serbie ».

Bulgarie

Le cynisme bulgare après la violence de Bucarest

Dans l'organe de M. Radoslavoÿf, les « Narodni Prava», du 8 mai, mous lisons ce qui suil:

« Il est facile de se rendre compte de la hauta importance que nous attribuons, nous, Bulgares, aux relations ‘de bon et paisible voisinage avec la Roumanie, lorsqu'on pense qu'après avoir ohtenu satisfaction dans la question de la Dobroudja, la Bulgarie va construire un pont sur le Danube, entre les deux États. Par ce pont, se développeront à l'avenir entre la Roumanie et la Bulgarie des rapports qui donneront aux deux Etats la possibilité absolue de servir leurs intérêts vitaux. Ea® Koumanité sera a remière à- en ürer un. grand profit. Aussi «la Roumanie doit avoir de la reconnaissance non seulement pour la grande générosité bülgare», mais aussi pour le rs désir qu'ont les Bulgares de voir la Bulgarie vivre en paix avec sa voisine la Roumanie. »

La qusstion du papier ayant trouvé une solution, nous sommes heureux de pouvoir continuer la publication de La Serbie qui paraîtra pourtant, pendant quelques semaines, sur deux pages seulement.

Nous profitons de celle occasion pour remercier bien cordialement tous ceux qui, en grand nombre, sont venus nous exprimer leurs sympathies à l’occasion de la suspension provisoire de notre journal.

Rédaction de La Serbie.

oo

ont, depuis cette époque, été foulés aux pieds

sesoin de la dynastie ou

(A suivre).

van Majouranitch : « La mort de Smaïl-aga Tchen-

L'application de ce principe ramènierait en même temps YAutriche-Hongrie à ses véritables frontières nationales et ne lui laisserait plus que les Allemands et les Magyars. Toute autre solution serait injuste et inefficace.

En Grande-Bretagne, en Américue et en France, nombreux sont encore ceux qui semblent croire qu'il soit possible de démocratiser l'Etat des Habsbourg et d’accorder la liberté aux peuples de la Double ‘Monarchie

dans le cadre dé l’Autriche-Hongrie. C’est une erreurt

“ésultant d'une connaissance imparfaite du passé du domaine des Habsbourg et de l’état des choses qui y règne.

fut octroyé au peuple serbe en récompense de l’aide qu'il

et le

avait apportée aux Habsbourg contre les Magyars. Cette promesse fut retirée quelques années plus tard. L’autonomie de l'Eglise et des Ecoles serbes en Hongrie, garantie par toutes sortes &é le fruit d'âpres luttes soutenuës par le peuple serbe couronnément dé ces aspirations, n’a jamais été méspéctée et fut finalement supprimée en 1912. Les droits de lu Croatie autonome, dont l'acte original de 1868 fut, d’ailleurs, falsifié, afin de pouvoir plus aisément frus« trer les Croates de leur port de Fiume, ‘au profit des

de lois dont. la promulgation avait

La bibliothèque yougoslave de Genève vient de publier en jangue: serbo-croate cet ouvrage du grand poète croate Majouranitch. Cette édition a été publiée parles soins de notre ami et collaborateur M. le Dr Lyoubo Perkovitch, qui a écrit Une préface historique et littéraire fort intéressante. Nous recommandons à nos lecteurs yougoslaves cette belle édition.

mio di Le dE