La Serbie

que leurs peuples respectifs l’aient voulu ainsi, mais parce que, au fort de la plus grande tourmente universelle, les int°llectuels de l’une d'elles n'ont rien su apprendre et sont demeurés fidèles aux méthodes d’un passé de violence et d’oppression. Giuseppe Mazzini ne fut-il pas prophète lorsqu'il traçait (en: 1866) les lignes suivantes que je recommande à la méditalion du directeur de l'Agence de presse italienne: « Pourquoi est-ce que j'écris? Est-ce que je me fais l'illusion de crcire que le conseil pourra être recueilli: par ceux qui dirigeront la guerre imminente? Non, Je connais les gouvernants de nos jours, et je sais qu'ils ont peu! de valeur; quant aux Italiens, — pour Ja plupart du moins — ils ont déjà, eux, « l'héroïsme » mais pas encore « le concept » de la scule lutte qui soit digne de ses destinées. »

Les révélations du comte Czernin sur la politique roumaine

Le comte Czernin a prononcé le 41 décembre, à Vienne, un grand discours de justification de sa politique, discours qui intéresse en premier lieu les peuples allemand et magyar. En effet, M. le comte chercha à prouver qu'une mauvaise politique, soutenue par le haut commandement militairé allemand, aurait empêché les puissances centrales de conclure une paix avantageuse, aux dépens de Ja Russie. Voici ce qu'il dit à ce sujet d’après la «Neue Freie Presse » du 12 décembre :

«Le seul moment où l'on aurait pu obtenir la paix, a été, à mon avis, après la fameuse bataille de Gorlice, en 1915. A cette époque là, lorsque les armées russes refluaient en arrière et que les forteresses russes tombaient comme des châteaux de cartes, un changement d'esprit s'effectuait chez maints de nos ennemis. J'étais alors ministre à Bucarest. Maïorescu était disposé à se placer activement de notre côté, et l’armée roumaine qui serait entrée en Bessarabie, aurait pénétré profondément dans l'arrière de l’armée russe et d’après les prévisions humaines, aurait provoqué la débâcle en Russie. Peut-être une débâcle pareille à celle que nous avons vue plus tard en Russie, aurait été provoquée déjà

en ce temps là lorsqu'il n’y avait encore aucune « Amérique » à l'horizon: Après un tel succès, on aurait peut-être terminé la guerre. Cette politique supposait deux choses: premièrement, les Roumains demandaient comme prix de leur coopération une rectification de frontière hongroiïse, et cette première condition fut nettement refusée par la Hongrie. Et la seconde condition, à laquelle on n’est pas du tout arrivé, c’eût été de proposer une paix de renonciation. Cette seconde condition aurait été rejetée par l'Allemagne aussi énergiquement que la première l’a été par la Hongrie ».

Cette révélation du comte Czernin, dont il prend naturellement toute la responsabilité, montre bien en quel danger la Serbie se trouvait en été 1915, par suite de la politique austrophile de feu Maïorescu, qui

6 DOMMAGES ET PERTES DE LA SERBIE

=== FEUILLETON

avait présidé la conférence de Bucarest en 1913, qui a signé le traité de Bucarest et qui, pourtant, était disposé à marcher avec l'Autriche et l'Allemagne. La Roumanie nouvelle devrait être radicalement nettoyée des éléments germanophiles, si elle aspire à jouer le rôle préconisé si éloquemment par M. Take Jonescu.

ARE à 5 SRE ÉD ER

Autour d'une carte

« La Roumanie » avait publié dans son numéro du 28 novembre une carte « éthnographique » roumaïne que l’auteur, M. Atanasiu, accompagnafñt de la remarque quelles avait été faite d'après la carte de M. Cvietisa, de 1918. M. Cvielisa a adressé à ce

propos à « La Roumanie » la lettre suivante :

Monsieur,

Dans « La Roumanie » du 28 novembre, vous avez publié une « carte ethnographique des régions habitées par les’ Roumains », que son auteur, M. A. D. Atanasiu, prélend avoir dressée, entre d’autres documents, d’après ma carte de 1918.

Sur la carte de M, Analasiu, le Banat d° Temesvar, ainsi que la partie nord-est de la Serbie, sont marqués comme étant habités presque exclusivement par les Roumains. Je vous serais done très obligé si vous vouliez, dans votre plus prochain numéro, à Ja place où la carte de M. Anatasiu a été publiée, donner l'hospitalité aux lignes suivantes :

La carte « ethniographique » de M. Anatasiu étant une altération de la réalité ethnique dans les dites régions, elle ne peut à aucun titre se prévaloir de ma carte ethnographique, qui était établie avec la plus stricte impartialité d’après les données du dernier recensement officiel de la population. Je ne peux donc qu'exprimer le plus vif regret qu'un publiciste appartenant à une nation amie et alliée ait ainsi abusé de mon nom et de mjon œuvre.

Je tiens à déclarer que les Yougoslaves de l'ancienne Monarchäe des Habsbourg désirent, à légal de leurs frères du Royaume de Serbie avec lequel ils se sont tunis ‘en un Etat national, entretenir des trajpports d’amitié et de bon voisinage avec les Roumains. Toutefois, ils sont obligés d’insister avec énergie pour que la partie du Banat de Temesvar boù les Serbes sont plus nombreux que les Roumains, scit incorporée à l'Etat yougoslave. Ce désir, d’ailleurs, est en voie de réalisation par la volonté des populations ‘intéressées auxquelles le victorieux effort de l’armée serbe, aidée par les troupes alliées, a permis de se manifester en toute liberté. LR

Nous sommes sûrs que les décisions du prochain Congrès de la païx seront conformes à la volonté manifeste de la popuJation. Frano Cvietisa.

En publiant cette lettre de M. Cvietisa, « La Roumanie » l’a fait suivre d’une explicalion de M. Alanasiu disant qu'il a mentionné M. 'Cvietisa comme auteur con sulté et non pas comme auteur copié.

LA SERBIE

nades pour la fête de l'empereur d'Autriche, pour la Ste-Cécile et pour la St-Joseph et prend part aux lobsèques et aux protcesions. On 6e contente de. es manifestations miojdestes.

La France et l'Italie

— Une déclaration de M. Clemenceau —

L’honcrable Orazio Raïmondo, député italien, a eu l’occas'on de s’entretenir à Paris avec M. Clemenceau, au sujet des rapports italo-sudslaves. Le « Secolo » du 18 décembre publie cette conversalion, qui reflète bien l’état d'esprit des cercles dirigeants français dans la question adriatique: :

«Il ne m’appartient pas, a déclaré M. Clemenceau, de faire des précisions sur des sujels qui ont soulevé. tant d'ardentes polémiques.

La conférence ésoutera les observations de vos hommes d'Etat et s'ils sont animés. comme je m'en doute pas, d’un esprit d'équité, s'ils sont décidés à concilier les droits des Italiens avec les droits des Sudslaves (qui ne doivent pas €t ne peuvent pas être contradictoires), ils trouveront non seulement chez les Français, mais encore chez tous les Alliés, des sentiments de la plus grande sympathie et de la plus cor#diale amitié. Je vous demande seulemient de considérer qu'il existe un intérêt supérieur à toutes les extensions territoriales, cest d'avoir des amis sûrs, sur la côte orientale de l’Adriatique. Si par malheur il devait subsister des discordes d'irrédentisme, ce n’est pas l'Italie qui en pâtirait, mais l’Europe entière.

«C'est pourquoi je vous demande ce qui est le plus difficile à nous tous: de oonsidérer notamment qu'un accord équitable entre les intérêts divers, prévale sur la tradition atavique de chercher à étendre indéfiniment les territoires. »

— Les toasts de Paris —

Le président Poincaré déclare :

«Les peuples enfermés malgré eux dans les constructions politiques qui n'éfaient pas leur œuvre brisent les portes de ces demeures détestées, donnent cours à des aspirations longiemp;: comprimées et s'organisent suivant leurs aflinités naturelles, leurs traditions et leur volonté. L'esprit de conquête n'aura pas de prise sur ces transformations ; il ne‘pourrait que les violer ct ies rendre caduques, Ce qui les vivitiera, e2 - qui leur donnera Ja force \lu droit et de la vérité. ce qui leur assurera l'approbation du monde, c'est le libre choix des populations. » {

Et le roi d'Italie répond:

. «L'Italie a conquis son rempart nalurel des

Alpes ef, dans l'Adriatique, ayant retrouvé ses enlants qui avaient si longuement lutté pour la sauvegarde «dé leur nationalité, elle pourra nssurer les conditions indispensables à sa sécurité et à son existence. »

En lisant attentivement ces deux toasts, bn remarque sans péine qu'ils ne sont pas précisément inspirés par la même idée. La contérencr:! interalliéé aura à ramener les points de vue de tous lés Alliés sur la même base. Ce n'est qu'à celte condition que l’on accomplira üne œuvra Juste et durable. :

Un témoignage épouvantahle sur les atrocités bulgares

.Le « Messager d'Athènes » du 2 décembre publie une lettre de Mme Delta écrite à Salonique et dans laquelle la cèrrespondante donne des détails épouvantables sur les atrocités commises par les Bulgares dans toutes les régions qui eurent le malheur d’être sous le régime de ce peuple sauvage. :

« Des prisonniers anglais, dit Mme Delta, entre autres, racontent d'horribles chüses.

Il n'existe, à Sibenik, aucune institution Tinancière italienne.

Lo théâtre unique est Ja fpropriété d'un concitoyen, fitalien/

No 49

Un aviateur anglais disait à Mme Calvert, épouse du correspondant du «Times », que l'évêque d'Elefthéropolis a été pendu par les jambes, la tête en bas au-dessus d’un few qui lui brûla la tête juste pour le rendre infirme sans le tuer. Get aviateur l'a vu à Philippopolis parcourant les rues, dans un état abôti, les yeux fermés, complètement aveugle.

Le même aviateur raconte que les Bulgares attachèrent un père de famille avec sa femme à un poteau, puis amenèrent sa fille pour la violer devant les yeux des parents en faisant passer à tour de rôle tout un bataillon sur la malheureuse victime. Inutile de dire comment la pauvre jeune fille mourut!

Les Anglais wétaient pas autant trrturés: les Bulgares se contentaient de les laisser mourir d'inanition, alors que les Grecs étaient simplement tués. Les Serbes subissaient d'horribles Lortures ; on les attachait, puis avec uni fléau formé de minces courroies au bout desquelles il y avait de petits morceaux de fer, on les frappait en plein visage jusqu’à ce que les malheureux eussent les yeux crevés. Quelquesuns de mes camarades, dit cet aviateur, devinrent fous à la vue de ces horreurs. »

De telles horreurs ne peuvent pas rester impunies. là

Plus de logique!

Dans le «Secolo » du 15 décembre, M. Rino Alessi se livre à l'illusion de croire que l'Italie, en prenant Gorica, Trieste, l'Istrie et Fiume aura: encore la possibilité de vivre en bonne harmonie avec les Serbes, Croales et Slovènes, « Cherchons par tous les moyens, dit-il à ses compatriotes, à ne pas prendre trop d'étrangers dans notre maison, [vitons, par comséquent, l'erreur d'ep prendre trop et en masses compactes.» La modération de M. Alessi, en comparaison des exigences des nationalistes italiens, est indéniable Mais M. Alessi n'est pas logique, parce que; en attribuant toute l'Istrie à l'Italie, il commet précisément l'erreur contre laquelle il met

en garde les gouvernants italiens. C'est en Istrie,

précisément qu'il y a

trop de Slaves et en masses compactes! )

Une mesure risquée

Le «Times» du 11 décembre annonce dans un télégramme de Sofia que le gouvernement a ordonné l'arrestation du docteur Christo Gheoïghieff, député et gendre de M. Radoslavoff, du xnéral ‘Naïdénoff, ministre «de la guerre dans e cabinet Radoslavoff, et du général Tantilo:f. ancien attaché militaire de Bulgarie à Bucarest, tous trois accusés de trahison et de corruption. Cette mesure nous.paraît audacieuse, parce que si l'on devait procéder à l'arrestation de ‘tous les Bulgares qui ont commis de semblables «imprudences », on n'aurait pas assez dé place dans les prisons de Solia, j

L'état d'esprit en Bulgarie

Le correspondant particulier du «Times: à Solia décrit l'esprit des Bulgares de la façon suivante :

« Une chose est certaine, c'est que l'envia ct l'ambition ardentes bulgares d'obtenir les territoires qui sont ou qui étaient, avant la guerre: grecs où serbes n'ont pas disparu, quoiqu'elles! soient enrayées momentanément. Il ne faut pas s'imaginer que les Bulgares, pour s'être reconnus battus, aient changé leurs plans politiques. »

(Suite et fin)

Nos calculs n'ayant été terminés qu'au début de cette année, .

SIBENIKR

- Le drapeau italien, défiant tout sens de justice, flott{ Bur Sibenik. Quelles tristes conséquences aura l'occupation italienne de cette ville yougoslave: les nouvelles arrivant de Dalmatid nous le font pressentir; la presse du pays en donne des (détails abondants. A Sibenik, l'occupation italienne a eu pour résultats immédiats Ja révolte de la population entière, réprimée manu

C'est là que retentissent les airs magnifiques de l'opéra croate « Porin», c'est Ià que les puissants et soncres vers de motre chef-d'œuvre ‘dramatique «La mort de la mère des Yougovitch », nous enthousiasment... L '

IL existe une «Société ouvrière», de secours mmutuels, avec ‘un salut préhistorique; en font partie la moblesse du pays, îles propriétaires et quelques arlisans. Mais dans cette soci‘té «iouvrière » les ouvriers authentiques ne sont pas admis parce que la

militari. En ce moment, on a concentré 1à 400 earabiniers | éocjété échapperait alors des mains des comtes et des propriéet plus: de 1200 soldats! £ l à ‘[taires italiens et revêterait un fout autre taractè:e. £

L'italianité et Sibenik sont deux concepls contradictoires, ‘qui na peuvent aller énsemble; c'est pourquoi fl n'est guère possiblk! d'en, parier longuement.

A Sibenik les Italiens sont peu mombreux. ls n'atteignent pas même le nombre d'un millier (comprenant les employés et les ouvriers «regnicoli» occupés dans les vastes usines de carbure) sur uno population de 12.000 habitants, Les Italiens, parmi eux les nobles, les professions libres, les propriétaires, les commerçants, Les employés et les artisans, ne participent pas activement à la vie politique, Seulement par discipline de parti, au moment des élections, ils s'en vont voter pour ajouter le petit nombre da leurs votes à ceux des Italiens de Zara, pour faire nombrel (En 1911, dans Ja ville de Sibemk, il y a eu 112 votes italiens sun 5351 croates et dans tout 1e district de Sibenik, on en a compilé 139 sur 80941) ss |

Leur réserve politique provient de ce qu'ils 5e rendent compte qu'ils mont rien à faire dans le domaine pôtitique.

Toute leur activité, témoignant de leur existence, ils l'ont concentrée en la «Société Philarmonique» qui est une excellente institution du genre. C'est une fanfare — (banda stadinji — qui, renforcée] par des participants croates, organise quelques concerts ou séré-

L'institution la plus importante de l'italianité de Sibenik est le « Casino dei Nobili» (Cercle de la Noblesse) mais c'est ‘une institution moribonde, sinom «déjà morte. Elle compte quelques membres et bien que IeS «roturiers» ÿ soient aussi admis, [on

ne voyait que rarement une silhouette erren dans les vastes salles

du cercle. Depuis quinze où vingt ans de buffet en reste fermé parce qu'il n'y à pas de tenancien qui pourrait se trer d'aflairct avec la consommation des membres et Île maigre traitement.

Le billard n'a pas servi depuis plus de dx ans et pendant

des jours ct des semaines portes et fenêtres restent closes.

Le «Casino dei Nobili» est pour les Italiens de Sibenik çe que la foi baptismale est pour l'homme et le livre foncier Poiur le propriétaire. L'italianité de Sibenik est imdissolublement liée à 4 noblesse. Avec la disparition de la noblesse s'éteint fu même coup l'italianité. Actuellement la noblessa slave de Sibenik est réduite à quelques familles, l'italienne à une dizaine. L'extinclion, de la noblesse slave ne pôrte en aucune inanièrd préjud'iqc au caractère slave de la ville, tandis qu'avec la disparilion de la noblesse italienne meurt l'élément qui en était lo nerf, le souliem et le propagateur, Procès logique, lent mais irrésistible ! De '

R:K.

a tn

ne tuennent gomple des perles et des dommages ‘que jusqu'à ja fin de 1917. Nous jugeons donc nécessaire d'ajouter ‘aux chiffres

ci-dessus ceux correspondant aux pert:s et dommages qua fa

Serbio subit encore au cours de l'année présente. ! : Les pertes et les dommages de la Serbie en 1918 sont:

1. Rapport des terres. 360.000.000 2. Dommage aux édifices 60.000.000 3. Loyers. 18.000.000 4. Objets, meubles conlisqués ‘et emportés 20.000.000 5. Bestiaux et volailles emportés. : 250.000.000 _ 6. Exploilation des forêts et des mines 45.000.000: 7. Revenus pardus par les commerçants et les .

éntreprises industrielles, et appointements de !

leur personnel, 90.000.000 8. Impôts perçus par force. 36.000.000 9. Réquisitions. 40.090.000 10. Intérêts des institutions de banque sur capital

placé 35.000.000 ile Dépenses des gens appartenant aux professions .

libérales. ‘70.000.000 12. Perte produite par abolition du moratorium,

vente forcée pour recouvrement des créances | des ressortissants ennemis. 60.000.000 15. Intérêts pour emprunts d'Etat conclus ‘avant

la guerre. É 46.000.000 14 Pertes de la municipalité de Belgrade el des

corps aulonomes et communaux. 10.000.000 :

#.140.000,000.

A la fin de 1918, les Dertes et les. dommages subi r. In Serbicr eprésenteront. donc une | à EP chiffres ronds, 7 milliards Rae ER 047 TT ONCE VO LE

SL ons)