La Serbie
encore reçu de réponse à sa demande d'être placée sur le pied d'égalité avec l'Ilalie dans cette question parliculière de l'Adriatique. On nous assure que le problème est ajourné et qu'il sera discuté plus lard, après le règlement de tous les points concernant l'Allemagne.
Quest à notre frontière orientale, du côté de la Roumanie, nous avons réussi, à ce qu'il paraît, à nous osssurer au moins les parties du Banat dont l'attribution à la Roumanie équivaudrait pour nous à une véritable catastrophe nationale.
li-semble, en effet, qu'on a trouvé une solution intermédiaire qui serait, de nature à satisfaire dans la mesure du possible, les exigences des deux peuples voisins, et à sauvegarder aussi, pour l'avenir, l'amitié serbo-roumaine. S'il en est bien ainsi, on ne pourra que féliciter la Commission de s'être acquittée si habilement d'une tâche difficile.
Pozrricus
L’attitude italienne
à l'égard du clergé yougoslave dans les îles du Quarnero
Mémoire envoyé par Mgr. Mahnic, évêque de Krk (Veglia), à la Conférence de la Paix.
Au nom de la Justice et de la Liberté, la soussigné considère de son devoir de sou: imettre à la Conférence de la Paix ee miéimioire. Iltraite de l'occupation des îles du Quarnero par l’armée royale italienne et des conséquences qui résultent de celte occupation. En qualité d'évêque, à la juridiction spirituelle duquel appartiennent les îles du Quarnero, le soussigné expbsera tout particulièrement le côté religieux ct ecclésiastique de la question et m’abordera qu'incidemment les questions d'ordre politique. L'occupation des îles du Quarmero par l'armée royale ilalienne a été accomplie graduellement au mois de nmovemibre ; tou d'abord, elle procéda à l'occupat'ion de Iisinj (Lussim) et celle-ci fut étendue à Cres (Cherso), Krk (Veglia, Rab (Arbe, Pag (Pago). Dès le début, l'occupation italienne ne fut autre chose qu'une invasion ennemie avec l'intention évidente d'annexer défipitivemient les îles du Quarnero au royaume d'Italie. Pour un observateur attentif, il devint de plus en! plus clair que le com mandement des troupes d'occupation agissait avec ruse et que, pour atteindre Son but, il ne reculerait ni devant les altérations de la vérité mi devant--de--perfides &énoniiations, la flatterie hypocrite où la terreur; où ces moyens échouaïent, on recourut également à la force. De tout cela, il ressort avec évidence l'intention d'éloigner le plus tôt possible tout ce qui pouvait entraver les aspirat:ons italiennes sur ces îles, d'écraser et d'étouffer rapidement l'élément croate, pour mrinirer ensuite à l'Europe le caractère italien du Quarnero, afin qu'au moment opportun l'Italie puisse le réclamér à la Conférence de la Paix en vertu du principe des mafionalités.
La pierre d’achoppement contre laquelle se heurte cependant la politique impérialiste de lItalie sont, en premier lieu, la langue slave à l'église et le clergé inational croate.
En ce qui concerne la langue slave, il faut remarquer qu'on se sert dans ces îles, depuis mille ans, du vieux slave ou de la glagolica à la sainte messe, tandis que, pour
Fe
les autres rites et prières, on emploie Ia langue croate. C'est à celte circonstance, dont il faut se louer, que le peuple croate des îles du Quarnero doit d'avoir cemiservé pendant des siècles sa langue et son individualité nationales. La question du lan gage liturgique à l'évêché de Krk (Veglia), qui comprend les îles du Quarniero, fut réglée, -il y a vingl ans, Avec le. SaintS'ège par le soussigné; par la suite, au premier synode du diocèse de. Krk en 1901, on a de npuveau proclamé el sanctionné l'usage de la langue slave dans toutes les églises, à exception de six où la messe est dite en latim:; mais, même dans cellesci, sauf dans une église de Krk, à côté du latin pour la messe et le rituel, on emploie également la langue croate. Les autres prières et cérémonies, de même que les serimons, se font pour la plupart en croale.
Dès que l'armée royale italienne eut oceupé les îles de Losinj et de Cres, ses commandants se mirent à interdire Ta 1aÿ gue. liturgiquesslave, bien que celle-ci fût formellement approuvée par le Saint-Siège et solennellement proclamée par l'autorité du diocèse. Comme preuve, le sonissigné cilera les faits tels qu'ils lui furent communiqués officiellement par les pères Spirituels de chaque paroisse respective.
Avec une fureur croissante, on a inauguré une chasse au clergé qui est, à l’exceplion de trois (où quatre, exclusivement de nationalité croate. C’est un fait bien connu que dans presque toutes les localités: des îles, le prêtre est pour le peuplé Punique conseiller et le guidé, nou, seulement à l'église, mais aussi hors d'elle. La propagande irrédentiste prévoït donc que ses efforts resteront sans succès tant que le prêtre croate vivra avec ses ouailles comme gardien de la foi et des sains droits nalionaux. Elle veut, dès lors, où bien éloigner le prêtre croate, ou bien, tout au mioins, le discréditer dans l'esprit du peuple. Elle a commencé à agir dans ce sens. Le clergé est terrorisé et on le menace de néfastes « conséquences », d’arrestation ét de déportation, s’il ne se soumet pas. Les pré {res sont injuriés, insultés dans les rues, on leur refuse des sauf-conduits, de manière à les empêcher de se rémdre chez leur évêque; enfin, on emploie contre eux la force brutale.
Nous avions espéré recevoir chez mous
L'ami. l'allié. Le-gardien de l’ordre publics:
mais ce sont les ennemis, les oppresseurs qui sont venus. Nous sommes en état de siège. en état de guerre. C'est ii qur exil. On voudrait tout bonnement nous étrangler. Sur nos têtes est suspendue l'épée de Damoclès. Nous ne sommes pas certaïns qu'un jour le commandement militaire ital'en me nous mettra pas tous en état d’arreslation et me nous fera pas conduire en Italie.
Moi, comme évêque, je fais appel. contre un tel traitement, en mon nom personnel, au nom de mou clergé et de mion peuple, à ce tribunal international suprême qui doit fixer aux peuples les conditions d’une paix durable. C’est pour la liberté des peuples opprimés et contre la politique impérialiste que la guerre a été déclarée. D'eu a béni les armes des champions de la liberté. Le bien le plus précieux pour les peuples est la liberté de croyance el
LA SERBIE
| point faire ‘à autrui
de conscience. Malheur aux détenteurs du pouvoir qui osent pénétrer dans le temiple du Seigneur, l'épée à la main! La justice divine, pendant la guerre mondiale, a renversé, d’une façon qui n’a pas d’égale dans l'histoire, le trône de l'autocrate russe, du tyran de la liberté confessionnelle et de .la consciente chrétienne. L'Allemagne creusa elle-même par son « Kulturkampf » la fosse dans laquelle s’écroula l'omimipotent Kaïser: l'Autriche, par son joséfinismie néfaste, inauguré par l'empereur Joseph IL, s'est taillé les nerfs vitaux jusqu'à ce qu'ellé fût honteusemient saïgnée à blanc. Après tous ces événemienfs récents, on aurait pu croire que toute immixt'on dans les affaires religieuses et ecclésiastiques serait dievienue pour des siècles um anachronismie, Tout au contraire, il semble que lPitalie veuille ceindre somi front de nouveaux lauréers par la réalisat'on de ses idéals impérialistes. ; Par sa politique dans ces régions, V'Italié donne la preuve d’une incapacité lolale
dans l'administration de pays peuplés par
une nationalité différente de la sienne. Ce que l'Italie a commencé à faire est Ja politique de la poigne et de la force brutale, malgré que les diplomales se vantenit d'avoir pris les armes pour la libération des petits peuples opprimés. Ironie! Bien au contraire, après les flots de sang répandu pour la libération des peuples Opprimés, la politique italienne est semblable à celle du temps où les cosaques pénétraiemi dans les églises avec.des baïonneltes pour imposer au peuple l’orthodioxie et où le casque à pointe prussien défendait à des Polonais d'Allemagne de rompre le pain; pour Îles €nfants em accompagnant ce geste, de la parole divine en) la langue maternelle. C'est la politique du vainqueur, cest la politique de l’anachromisme dont rougit, aujourd’hui, même le Turc.
Moi, comme berger de œæ peuple marLyr qui à sauvé, à grand'peine, son exislence au temips tyranmique du centralismé germano-autrichien, je proteste. Je proteste au nom de la loÿ maturelle qui trouve son
expression concrète dans les cinquième el.
septième commandements du décalogue : Tu ne lueras point; Tu ne voleras point. Je proteste au nom de la loi de JésusChrist qui est venu, mon pas pour abolir la loi naturelle, anaïs pour la compléter et la perfectionner, qui ordonne de ne
lons pas qu'on nous fasse. Dans l'Evangile, on prêche la justice et la paix. Point de paix durable sans justice. Si l'on. veut assurer la paix du monde, il faut que les rapports internationaux soient réglés sur la base de la juslice.
Si l'application de cette règle est inidispensable quelque part, c’est bien dans ces régions où vit depuis treize siècles mitre peuple aux trois noms: Serbo-Croato-Slavène. Napoléon le Grand, qui avait compris l'importance de ces contrées, créa sur la terre yougoslave son Illyrie, qu'un poète slovène appela l « anneau de l'Europe ». La Yougoslavie peut être appelée à juste titre le cœur de l'Europe.
La Yougoslavie constitue le trait d'union entre l'Orient et l'Occident: elle est Île point d'orientation de la politique européenne internationale, la clé de la solub'on de la queston d'Orient. qui trouble le
ce _que.mous ne. VOU-.
Me 13
a
Lundi-31 Mars 1919
monde depuis trois siècles et qui, en réa lité, est la cause véritable de cette guerre mondiale.
Toute faute commise dans La sülubion de la question yougoslave pourrait engendrer des conséquences immenses! et les plus néfastes pour l’Europe. Nulle part ailleurs on me pourrait imieux appliquer l'adage latin: Ærror in principiis minimus, in consequentiis fit maæimus. Les principes . dont on parle ici sont ceux du droit naturel. Il serait désastreux, pour l'Europe, qu'on portât atleinte à ce droit et qu'on l'écrasât à l’occasion de la soluticn définitive de la question yougoslave. Il n'y a pas de doute, en effet, quant à la question de savoir au profit de qui parle le droit naturel. La côte orientale de l’Adriatique, y compris les îles, de Trzic (Monfalcone} à Kotor (Cattaro) et plus loin vers le sud, est slave pour 850% et itaienne pour 15 % à peine: et de ces 15 % d’Italiens, la moitié d’entre eux sont de sang slave, maïs dénationalisés par la politique slavophobe autrichienme. ;
La côte orientale adriatique appartient à
la Yougoslavie d'après la loi naturelle et divine: vouloir l’annexer à l'Italie, cesl comimettre une injustice criante, car om soumettrait ainsi un) million de Slaves à une puissance étrangère qui, déjà maintenant, end de toules ses forces à faire disparaître aussi rapidement que posstble dans l'Eglise et hors de l'Eglise, toute trace de la pensée et de fa vie slaves. Cette solution éventuelle de la question yougoslave yorterait en elle le germk de nouveaux ocmflits internationaux. Le peupla yougôslave n’est pas unie masse inerte de laquelle on puisse tirer um produit
quelconque. Le Yougoslave est conscient
et instruit de sa malional:té; il ne se laisserait en aucume façon dénationaliser ni devenir esclave de l'étranger, devraitil 16 payer des plus grands sacrifices et de sa vie même. Les Italiens par leur manière impérialiste d'agir dans ces régions, se sont trompés et se somt rendus impossibles à jamais. Les Yougoslaves veulent enfim, après le long esclavage subi sous le joug allemand, magyar et turc, commencer À vivre d’ume vie digne d’un peuplé qui a répandu som sang pendant des siècles pour la culture chrétienne et la liberté de l'Europe. Les Youguslaves répudient le nouvel oppresseur qui s'impose par la
force et espèrent. fermement que les Alliés.
triomphants, entrés en guerre pour Ja Libé ration des peuples opprimés, me le lui imposeront pas. Les contrées qui longent l'Adriatique sont pour la Yougoslavie Îles poumions par lesquels elle respire; par eux la Yougoslavie vit et meurt. Toute tentative de l’éloigner de la mer se bheurterait à une résistance suprême. Les Yougslaves ne permettront jamais qu'on ræ tranche de leur corps un membre sans lequel leur vie est impossible,
Qu'on songe que la question yougoslave est identique à la question balkanique, laquelle, à son tour, constitue le premier et le plus important chapitre de la queslion d'Orient. Chaque ébranlemient des conditions essentielles d'existence de l'Etat yougoslave pourrait remettre sur le tapis la question d'Orient dans toute son lmorreur et donner lieu à'une conflagration générale nouvelle.
L'arrivée en secteur de la 122me D. I. française était terminée
FEUILLETON —————
RÉSUMÉ des opérations de la bataille du Vardar (Septembre 1918) ;
me
L TRAVAUX PREPARATOIRES. IDÉE GÉNÉRALE
Le départ de la majeure partie des troupes allemandes et le renforcement des Armées Alliées auxquelles sont venues B'ajouter es divisions helléniques (9 en tout) ont créé bur le front de Macédoine une situation qui nous permettait d'entreprendre une offensive de plus grande envergure, en vue d'obtenir des résultats détiniits. ‘
La tournure favorable qu'avaient prise les événements Sur le lront idecidental, l'abaissement du moral des troupes bulgares, sonnu par Les renseignements parvenus et dû à la lassitude causée par la trop longue durée da la guerre, augmentaient nos chances de succès. ‘
L'idée dune offensive générale fut conçue au commencement du mois de juillet (le 5 de ce mois À peu près), c'est-à-dire, peu après l'arrivée à Salonique du général Franchet-d'Esperey et l'entrée en fonctions: comme chef d'Etat-major général de l’arméé serbe, du voïvode Michitch. | ,
Les premières instructions furent données le 27 juillet et on prit une décision @éfinifive le 8 août 1918. ar - On fixa en même temps l'idée directrice des opérations: par une aclion à entreprendre sur le front des armées serbes, dans la région montagneuse comprisa entre les rivières Souchitza et Lechnitza, opérer la rupture du front ennemi sur ‘une étendue de 30 km el, par une exploitation rapide du succès, élargir la
brèche el atieindre, par une poussée vigoureuse, la ligne DemirKapou-Kavadartzi. À
On voulait, par cette manœuvre, obtenir deux résultats :
a) Séparer les forces bulgares. de la vallée du Vardar de gilles) qui tenaieni la région de Monastir, ket,
b) Couper Les principales - lignes de communicalions ennemies, celle qui longeait le Vardar et celles qui reliaient Gradsko à Prilep,
Toutes les mesures furent prises pour que nos préparatifs restassent absolument secrets et que Îa rapidité et la vigueur de l'exécution fussent assurées. : On escomptait, comme-conséquence naturelle de cette manœuvre, l'abandon, par l'ennemi de, tout le système fortifié.
Les faits démontrèrent la justesse de ces prévisions, et, à beaucoup d'égards même, celles-ci furent dépassées jpar les résultais en profondeur, du nord aw sud, |
II. EXECUTION DES TRAVAUX PREPARATOIRES.
Dès que l'otfensive fut’ décidée, on procéda aux travaux préparaloires suivants : a) construction de nouvelles routes ordinaires et réparation des routes existantes. 30 km. environ, de nouvelles routes et dé nombreuses pistes furent établies dans une région très monlaeuse et sur un terrain extrêmement difficile.
b) établissement d'une voie Decauville reliant Dragomanci à Bizovo (5 km.) et augmentation du rendement de la ligne Vertekop-Soubotsko, dont le débit fut porté de 300 à 700 tonnes.
c) transport et mise en place de l'artillerie, ainsi que création: d'emplacements pour celle-ci et da dépôts de munitfons pour l'alimenter.
d) transport des munitions jusqu aux positions (7 jours de combat pour des anciennes, et quatre pour les nouvelles ‘batteries).
e) établissement de nouvelles lignes télégraphiques et téléphoniques.
f) renforcement de (l'aviation et installation d’un aérodrome à Yenidje-Vardar, etc... :
La relève de nos divisions d'aila a été faite, pour la division du Timok le 28 août, pour celle de la Morava le 27. et poux [lef détachement de Prilep, le 15 du même mois. ‘
le 8 septembre et celle de la 17mae D. I. C. le 9. En somme, ious nos préparatiis étaient achevés à la fim de la première quinzaine du mois de septembre 1918. 4
Il. IDEE DIRECTRICE DE LA MANŒUVRE
Voici quelle était l'idée de la manœuvre: effectuer la rupture sur la parie du front de la 2me armée comprise entre Kamen et Le Soko (9 km. et demi) et l'étenidre immédiatemein# à tout le front des armées serbes, À gauche .et àdhoite, entame} la poursuite ‘avec les deux divisions serbes de 2me ligne, la division yougoslave et cells du Timok, en direction de Demir Kaçou et de Kavadartzi, en poussant de l'avant avec une énergie extrême et faire de même sur le front de la 1re armée em direction de Tchaterna.
L'attaque sur le front serbe devait être suivie (d'une attaque près de Doiran, au jour J. 3, ei d'une autre près de Monastir, au jour TJ. 9, de manière à élargir fa brèche des deux côtés.
IV. EXECUTION. PRÉPARATION D'ARTILLERIKE {4 septembre 1918)
En principe, la préparation d'artillerie devait êtro aussi conrtà que possaile, c os ne durer que quelques heures. Cepaadamt, sur emande da quelques commandants ivisi décidé qu'elle durerait 24 ess Fe a
Elle devait commencer le 14 septembre, à 8 heures.
Le temps à beau, mais pas très clair.
u moment déterminé, toutes les bouc AL à agir sur Les lignes tortiliées de l’ennemi. DR RS A midi les rapports arrivent, Il en mésul@ que:
DEUXIÈME ARMÉE
Les palrouilles de la division de Choumadia sont #ccueillies en certains ‘endroits par la fusillade et les granades. :