La Serbie

RAPPORT de la Commission Inferaifiée Sur 185 alFOGItÉS jan

La Commission interalliée spécialement désignée pour constater les violations des Conventions de La Haye et du Droit international en général, commises de 1915 à 1918 par les Bulgares en Serbie occupée, a fait une enquête préliminaire afin d'établir la nécessité des mesures de répression judiciaire et de rechercher et d'établir une base pour les demandes de réparations que le gouvernement serbe aurait éventuellement à adresser au gouvernement bulgare.

La Commission a été débordée par les plaintes et les dénonciations, venues de toutes les provinces occupées par les Bul-

res. Il lui a été matériellement impossi-

le de vérifier Je bien foudé.de.toules.ces,

plaintes, parce que le délai assigné pour ses opérations a été vraiment trop court et que la mauvaise saison et l'état des routes

et communications ont rendu difficiles et parfois impossibles des constatations sur les lieux, Elle a dû, par conséquent, limiter sa tâche à l'établissement d'un aperçu sommaire des documents recueillis et à la eonstatation générale que de graves violations du droit des gens ont été commises.

Elle laissé le soin de constater les atteintes au droit international commises dans chaque cas particulier à d'autres commissions internationales à constituer plus tard et qui auraient tous les pouvoirs uécessaires pour procéder à une enquête judiciaire complète.

Dans l'examen des documents recueillis, la Commission a pris en considération seulement les faits qui lui ont paru certains et irréfutables. Ce sont, en premier lieu, les ordonnances des autorités bulgares ellesmêmes, qui établissent nettement : que ces autorités, dans leur administration de la Serbie occupée, se sont inspirées de principes contraires au droit international; ce sont ensuite les traces matérielles des atrocités bulgares, par exemple les villes ou les maisons détruites ou incendiées, les églises pillées, les marques de tortures imPer sur le corps des survivants, les

osses remplies de squelettes ou de cadavres, etc. Ce sont, enfin les dépositions des témoins oculaires dans les cas où le crime a été commis en présence de nombreuses personnes, ou lorsque les témoins n'étaient par de nationalité serbe, ce qui donne à leur témoignage une garantie d'impartialité. Quant aux plaintes des victimes ellesmêmes, la Commission ne les à accueillies qu'avec la plus grande prudence ; mais elle n’a pu s'empêcher de constater une parfaite concordance entre des dépositions provenant de points différents d’une contrée très vaste et dont les auteurs ont été dans l'impossibilité absolue de communiquer et de se concerter. Les plaintes sont presques toutes pareilles ; toutes signalent les mêmes genres de crimes commis, d'une façon presuue identique. Aussi, pour cette

raison, la Commission estime que ces dé-

positions des victimes, par leur unanimité et leur concordance, permettraient des conclusions générales sur le régime introduit par les Bulgares en Serbie occupée.

La Commission s’est bien gardée d'inculper le gouvernement bulgare des crimes dont il ne peut être rendu r'esponsable directement, Parmi les morts, meurtres, viols, pillages, commis pendant l’'occapation bulgare, un certain nombre ont

. été accomplis par des personnes n'ayant aucun caractère officiel. Leurs auteurs ont, sans aucun doute, été encouragés dans leurs desseins criminels par le régime d’extermination organisé ouvertement par les autorités bulgares elles-mêmes contre les Serbes, mais il est impossible d’aflirmer que ces personnes aient eu une relation quelconque avec ces autorités. La Commission n'a mis sur le compte du gouvernement bulgare que les crimes commis par ses organes mêmes, par les autorités civiles et militaires, par les comités révolutionnaires qui fonctionnaient paral'èlement aux autorités et qui étaient tolérés par celles-ci dans la mesure la plus large et la plus bienveillante. En appliquant les principes élémentaires dn droit, on doit rendre le gouvernement bulgare pleinement responsable de ces faits avec d'autant plus de raison que ses organes ont agi dans l’esprit même des instrurtions générales données par le gouvernement.

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1. Violation du Règlemont de la Gonvention IV de la Haye dans le traitement des belligérants

Pendant les opérations mêmes, les Bulgares ont commis diverses violations du droit public international. Le gouvernement serbe a protesté contre ces violations, en temps et lieu, auprès des gouvernemenis alliés et neutres, signataires du Règlement de La Haye.

4. Les Bulgares ont massacré des prisonuiers et des blessés serbes. Au débui de la campagne de 1915, cette conduite était devenue presque la règle, les massa-

cres des prisonniers étaient accompagnés.

deiortureset-desmutilations, on à COùpé le nez, les oreilles, on a mutilé le visage des victimes avant de les achever. Des groupes entiers de prisonniers ont été massacrés, on les attachait les uns les autres et ensuite les soldats bulgares fonçaient sur eux et les sabraient. L'examen des cadavres nous impose du moins cette conclusion. Tous les prisonniers ont été dévalisés avant d'être massacrés, ils ont été laissés nus, où à peu près.

D'après un registre de l Hôpital militaire central de Istip, qui a été conservé, 114 soldats blessés ou malades en traitement, ont disparu de l'établissement sans qu'on ait pu découvrir leurs traces. Peu de temps après, un groupe de 150 à 200 prisonniers devait y être conduit, mais tous ces malheureux ont été égorgés ou tués en cours de route, à coups de couteau ou de baïonnette, près du village de Ljoubofène sur la route de Istip-Radovichté. Ce sont des comitadjis et des soldats bulgares qui ont commis ces massacres sur l'ordre du chef comitadji Jean Brlo. Des faits analogues se sont répétés pendant la campagne de 1916; tous les blessés serbes et parmi eux, le lieutenant-colonel Dragoutine Markovitch, tombés aux mains des Bulgares, après la bataille de Kaïmaktchalan ont été mutilés et tués par les Bulgares.

2, Les prisonniers de guerre qui ont échappé aux massacres ont été trailés cantrairement aux lois de la guerre; presque tous ont été dévalisés soit pendant leur conduite aux camps d'internement, soit dans le camp même. Ils ont été employés à des travaux qui étaient en rapport direct avec les opérations de guerre et conduits sur le front même.

Une circulaire du ministre de la guerre bulgare, rédigé contrairement à l'art, VI du Règlement de La Haye, ordonnait de faire travailler les soldats, mais aussi les officiers. Il n’a pas été tenu compte de la qualité des officiers prisonniers, ceux-ci ont été souvent frappés à coups de bâtons. La tentative d'évasion par un prisonnier était punie de la peine de mort, quoique d’après l’art. VIE du Règlement de La Haye, cette tentative ne soit pas considérée comme un délit et ne puisse entraîner que des peines disciplinaires.

3. Le 27 février 1917, les aviateurs bulgares ont bombardé l'hôpital de Vertekop et ont tué denx infirmières. Une expertise faite par le Dr Reiss a permis d'établir que la Croix-Rouge se voyait nettement de la hauteur à laquelle se tenaient les aviateurs bulgares et que l’art. VI de la Convention de Genève a été, par conséquent violé.

2. Le massacre de la population civile-

Après l'entrée des troupes bulgares en Serbie, en automne 1915, un grand noimbre de meurtres ont été commis. Ils ont | été exécutés par les officiers. les soldats et | les comitadjis bulgares et, plus tard, par les autorités administratives bulgares. Ces meurtres, qui avaient commencé en certains endroits, comme à Vrania, dès l’entrée des troupes bulgares, ont continué avec des intervalles plus ou moins longs, pendant toute l'occupation bulgare.

On a assassiné surtout les prêtres, les instituteurs, les maires, les notables influents. En Macédoine, il n'existe presque pas un village où l’on n'ait pas tué un individu. Le prétexte, invoqué par les Bulgares était qu’il était partisan des Serbes « Serbomane»). Plusieurs personnes ont été jetées en prison, mais leurs familles ne les ont jamais revues. D’autres ont été emmenées hors de la ville, sous prétexte

‘de les conduire en Bulgarie ‘pour y être

internées, mais elles ont été tuées en cours de route. D’autres enfin ont été massacrées dans leur domicile. On a retrouvé parfois les cadavres des victimes, mais

PR on à DS SERBIE

| autrefois les corps ont disparu. Les gens du pays supposent que dans beaucoup de cas les cadavres ont été brûlés ou jetés dans une rivière. Les cadavres qui ont été découverts portaient tous des traces de coups de couteaux ou de baïonnettes.

Parmi les Serbes assassinés, les prêtres tiennent la première place ; le nombre des victimes est supérieur à 450. Une lettre récente du chef du gouvernement bulgare, M. Théodoroff, reconnait le meurtre de l'archevêque Vincent, tué dans le défilé de Katchanik. Une information judiciaire est ouverte contre le sous-lieutenant Popofi, ineulpé de ce meurtre. Il y a des exemples où ils ont été tués par groupe de plus de vingt, puis jetés dans une fosse pêie-mèêle. Les cadavres exhbumés portent des plaies faites à coups de baïonnettes. Sur un Cadavre, 74 coups de couteaux ont été relevés. L’archevêque Vincent, de Skoplié, se trouve en tête de la liste des prêtres massacrés-Hna-étérar É

s'était réfugié devant l'avance de l’armée bulgare. De Prizrend, il a été reconduit dans la direction de Skoplié, mais en cours de route il a disparu. Nous possédons la preuve qu'il est parti de cette ville sous une escorte militaire bulgare ; plusieurs témoignages l’établissent, notamment celui de l’évêque catholique de Prizrend, Monseigneur Mvyiedia, qui a obtenu du gouvernement bulgare que l'archevêque Vincent ne soit pas emmené à pied, mais en voiture. Les gens du pays déclarent que son cadavre a été brûlé.

La plupart des meurtres ont un caractère politique. En tuant les hommes influents et les chefs, les Bulgares ont voulu Jaisser le peuple serbe sans direction et le priver de son élite. D’antres assassinals ont pour motifs le pillage, d'autres encore ont été commis simplement par caprice, mais ils sont peu nombreux.

Les assassinats politiques n'ont pas été commis sur les hommes seulement. Dans un très grand nombre de cas, les femmes, les enfants et, parfois même, les parents présents dans la maison, ont suivi ie chef de famille dans la mort. 1 y a des familles qui ont perdu quinze personnes et qui sont presque & anéanties. On n’a pas même épargné les nouveaux nés. Un comitadji bulgare, nommé Rista Andonovitch, surnommé le Loup, qui fait l'objet d'une instruction judiciaire pour l'assassinat de deux hommes, d’une femme et d’un enfant a reconnu ces crimes, y compris l'assassinat de lenfant qui n'avait pas plus de douze mois. Il les a commis sur l’ordre formel du chef de comitadji Outchroff. D

Dans le village des massacres en masse ont eu lieu. En Macédoine, les villages qui ont le plus souffert sont ceux qui, grâce au caractère compact de leur population serbe, ont toujours résisté à la propagande bulgare, par exemple les villages des environs de Vélès, de Prilep, de l'arrondissement de Poretch. Les Bulgares allaient de maison en maison et égorgeaient tous ceux qui s’y trouvaient. Aux alentours de Vélès les gens se sont enfuis ; ils ont été pourchassés et massacrés dans les. refnges où ils ont été découverts. Rares ont été ceux qui ont réussi à sauver leur vie, en se tenant constamment cachés pendant ces massacres. Il faut noter que lors de ces massacres on a tué beaucoup plus de femmes et d'enfants que d'hommes, Les meutres ont été commis non seulement par les comitadiis bulgares, mais aussi par les soldats de l'armée régulière. Dans les villages des environs de Prilep, les Bulgares ont incité la population turque à les aider dans le carnage. Les cadavres ont été brûlés ou laissé en pâture aux chiens ou aux cochons. Le nombre des victimes est très élevé. À Dolganetz seulement, village des environs de Prilep, environ 190 personnes ont été égorgées.

En Serbie orientale, on a procédé à des massacres en masse dans le département de Pojarévatz ou des groupes de 150 personnes ont été abattus par des feux de salve; dans le département de Vrania, des des hommes liés entre eux par les poignets, ont été enfermés dans des granges auxquelles on a mis le feu, ils ont été brûlés. C’est surtout dans les départements de Toplitsa que ces exécutions en masse Ont eu lieu et presque dans toutes les communes. Elles ont commencé même avant l’insurrection de 1917, qui a servi ensuite de prétexte aux Bulgares pour exterminer la population du département. Le nombre tntal des victimes dans le dé-

partement de Toplitsa est évalué à 20,000 personnes.

(A suivre.)

ER ORT HSE remmems L

La fin felgieuse dns nOtPé a

façon très flatleuse de Pactivité ecclésias. Éque du père Nicolai Velimirovitch qui, par privilège spécial, a reçu lautorisation | de célébrer le service orthodoxe dans les cathédrales de Birmingham et d'Oxford.

roviltch a servi une messe orthodoxe abré-

son talent oratcire,

tituae du la Serbie pour les secours si

Services orthodoxes en Angleterre Question de la Glacolica

Les journaux britanniques parlent de

PAIE du frère Iriney et d’un chœur d'étudiants en théologie serbes, M. Velimi-

gée qui, d'après la presse britannique, aurait produit une profonde impression sur l'assistance En: un anglais) parfait, le sère Velimirovütch, qui est connu ur a prononcé un sermon, après avoir exprimé toute la gra. largement accordés au peuple serbe par | la die ee —— « Le peuple serbe a dit le père Velimirovitch, à eu trois à olutione- dans-sa-vie-naliomale: % Ia Féoition de la chrétienté contre l& paganäsne, la révolution du Christ contre l'Islam et Ja révolution du spiritualisme chrétien contre le matérialisme et la servitude autrichiennk. »

De

Fe

Le « Morning Post » du 22 février our! ble des détails intéressants sur les Tape ports de l'église catholique sudslave avec le Vatican. La visite récente à Rome de l'évê que catholique de Spalato et Makarska Mgr ‘Lsaritch, aurait eu pour objet la ques. tion de l'emploi de la glagolica, c'est-l à-dire de l'ancienne langue d'église save) { comme langue usuelle pour tous les :er-

vices religeux dans les églises catholiques sudslaves. Mgr Tisaritch ri demandé aussi, au mont de l'épiscopat catho tique sudslave, l'autorisation de faire im primer les livres écrits en cette très ani chenme langue en caractères latins pour les rendre plus accessibles au clergé et aux croyants. Quart aux parties du culte qui. n'ont pas de caraclère llurgique,… comme le baptême, la confirmatim, le mariage, ainsi que la lecture de l'Evanr cîle et des épitres, les catholiques kudslaves aurajent demiemi 16 l'autorisation d'employer la langue moderne serboi-croate,

Le correspondait du « Morning Post »

rappelle que la glagolica a été an ployée dès les temps les plus auciens dans certains districts de là Dalmäalie et de la. Croatie. M. Jirecek, une autorité imdis cutable dans toutes les questions -balkas niques; estime que le mouvel alphabet, it venté par Cyrille, um des deux célébré | apôtres slaves du IXe s'ècle (l’autre était | le père Méthode), n’était que la glagolica, qui ressemble en apparenice à larmén'en ou au gcorgien, et qui serait, d’après Jag'tch, une création artificielle basée sur les caractères grecs avec addition de certains éléments orientaux.

La glagolica est non seulement plus anc'enne, anais aussi plus compliquée que l'alphabet cyrillique employé aujourd'hui en Serbie.

La glacolïca n'était pas bien, vue dé certains papes du Moyew-Age. John X (917 919) ordonma au prince croate Tomislav } d'en ‘interdire l'usage, mais l'évêque slave | de Knine, soutenu par fous ses fidèles | conserva la lturgie slave. Le pape Alexankn dre III fut favorable à la glagolica: dont l'usage fut officiellenremi sanctionné pour la première fois par ‘une bulle o’1nf nocent LV, LS le milieu au XIIIe siècle

Depuis lors, la glagolica se répandi rapidement et un grand nombre de mar nuscrits glogolätiques de cette époque ont été conservés. Elle déc'ina cependant À au seizième siècle, et on me l’employan plus que pour les besoïns liturgiques, quoi ques des textes canonfques existent en cette nu ancienne écriture. Si le Vatican autorisen la substitution aux anciens caractèresM slaves des caractères latins, l’étude de la glagolica en sera considérablement fa" cilitée. 4

Le correspondant du « Morning Post nous dit encore que l’afttitüde que pren-4. dra Te Vatican dans la question Sale ei n'est pas emiore éclaircie. ln tout cash le Saint-Siège est très bien( informé des af- | faires balkaniques, ce qui fait que less légations auprès du Vatican constituent s sl points d’observaltiem excellents pour 1a polis tique générale. Le Gouvernement serbe l'avait reconnu déjà avant cette guerre non seulement en concluant un: Concors dat très favorable pour le Vatican, mais aussi en nommant un représentant diplo malique auprès du Saint-Siège, un, catho” lique possédant des motions particulières sur les questions qui intéressent le pape Le Gouvernement serbe avait eonclu, À 24 juin 1914, le Concordat qui fut ratifié le 20 mars 1915, en pleïne guerre eur®, péenne. L'ambassade d’ Autriche-Hoisss | essaya jusqu'au dernier moment 2 : tenir le Vatican et d'empêcher la ya L cation et il fallut l'appui a etiGU de la Grande-Bretagne pour amener Vatican à le signer. S

Il convient d'ajouter que cette inter vers 4 tion parut très opportune au Vatican du avait considéré d'un) œil favorable toutes” les démarches faites en vue de Sa cons clusion.

RES