La Serbie
RÉDACTION ct ADMINISTRATION 6, rus du KXXI Décembre - Genève
Téiéphone 14.05
Il n'est pas difficile de reconnaître dans le _ geste de M. Orlando en quittant Paris le
voyaient que M. Wilson ne se prêtait pas aux vélléités annexionnistes italiennes, M. Orlando et les siens ont cru qu'un coup de théâtre savamment organisé et accompagné du fracas des applaudissements populaires —- ce > enquoilesltaliens excellent —feraitune impression énorme sur Wilson et le déterminerait à . changer de chemin.
Entre temps, le différend s'enchevêtre de _ plusen plus.
Ayant apporté dans l'atmosphère de l'Europe trop attachée aux vieilles idées impérialistes, un esprit d'idéalisme et de compréhension du droit des peuples, M. Wilson ‘parait ne pas vouloir se départir en rien de sa conception, laquelle il faut en convenir, n'est pas tout à fait pure, si on {a rapproche _ du principe d'auto-disposition des peuples _ proclamés par lui-même. M. Wilson semble disposé à attribuer toute l'Istrie à l'Italie, ce | qui est contraire à ce princige. Dans l'Istrie occidentale et centrale habitent en effet des masses compactes sud-slaves avec des frontières _ ethnîques clairement reconnaissables.
Les rares nouvelles qui émanent de l'entourage du président Wilson permettent de croire que sa déclaration fut le dernier mot … de l'Amérique. L'immense majorité du peuple
américain se range derrrière lui, attestant
. son doctrinarisme idéaliste, comme l'appellent “_ nombre de diplomates et de politiciens du “ vieux monde, mais bien l'expression de la
… volonté formelle du peuple tout entier de la - république américaine. Fort de cet énorme . appui, dont la puissance s'est manifestée par _ lé coup mortel porté à l'Allemagne avec les “alliés français et anglais, Wilson appréciera ARra sa juste valeur le chantage italien et ne - voudra pas que les peuples demeurent un bétail d'échange ou le payement de mérites _ imaginaires.
De l'autre côte, les voyageurs Paris-Rome ont déchaïîné plus encore le vent de folie qui
È Chambre italienne et le Sénat soulignent le geste de M. Orlando. La rage nationaliste atteint son paroxysme et se vautre dans le dé_ lire dont l'a contaminée la mentalité de M. - d'Annunzio. Au son des cloches du Capitole,
- ces cloches auxquelles les mascarades natio| nalistes ont enlevé tout caractère grave ou s0S lennel, le prince Colonna fait vibrer l'âme
. romaine par d'impulsives manifestations ora- toires qui se perdeht dans une réthorique enfantine. La raison parait avoir déserté l'Italie.
M. Bénito Mussolini, dont l'organe sociadiste Popolo d'Italia fut, il y a un an, pendant - le Congrès de Rome, le défenseur le plus = agité du droit des peuples, débite aujourd'hui une idée qui peut être considérée, à juste tidire, comme l'idée de toute l'Italie. Il écrit : «On a assez négocié. Il faut mettre Paris, … C'est-à-dire les Trois, en présence du fait ac… compli et, devant lui, les Yougoslaves devront … se plier tout en grinçant des dents. Les Yougo-
È É ls n'ont ni canons, ni mitrailleuses, ni avions, de ni munitions, ni vivres; d'hommes, ils n'en Ont pas beaucoup, et ils ne sont pas d'accord. o Les Yougoslaves se borneront à une protestation diplomatique, Malheur à nous si le gou_ Vernement laisse échapper cette occasion uni_ que pour l'Italie ! Ou l'on résoudra le problème aujourd'hui d'après les lignes simples * de la nécessité, ou nous ne le résoudrons ja_ Mais. p
* Cette disposition d'âme qui permet de trouver Ver le moment actuel favorable aux résolutions énergiques peutse tromper, pour cette raison déjà ue ce ne sont pas les Yougoslaves et les Ita-
| caractère parfait du chantage. Comme il:
souffle avec rage à travers toute l'Italie. La |
slaves ne peuvent pas faire la guerre à l'Italie.
__ La comédie italienne
2 + + mn
msi que sa parole neft pas l'expréssion de
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SOURNAL POLITIOU
Prix du Numéro:
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Paraissant touë les Lundis
Rédacieur en chef:
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liens seuls qui ont à résoudre la question, Mais il y a encore d'autres éléments qui empêcheront probablement que le rêve de M: Mussolini se réalise.
Dans le différend actuel, il y a quelque chose qui doit à juste titre attirer l'attention des arbitres du monde futur. Les survivances tripliciennes reprennent une force étonnante en ltalie. On y voit s'épanouir le giolittisme le
plus pur. Pour le moment, M. Giolitti et sen :
groupe se contentent, il est vrai, de prêter leur appui sincère à M. Orlando. Mais la marée nationaliste est prête à submerger l'Italie interventionniste, Le grand fétiche germanique pour lequel M. Giolitti a une vénération
illimitée projette déjà son ombre sur l'Italie et |
déjà aussi de vigoureuses énergies se mettent à l'œuvre pour effacer le mauvais souvenir de quatre ans d'une guerre qui a interrompu la belle ère triplicienne.
Cette étrange évolution n'empêche pourtant pas les Italiens de demander notre sol national pour se défendre eontre [a ruée germanique, et c'est avec la Germanie qu'ils sont en coquetterie aujourd'hui | (20P
Genève, siège de la Société des Nations
Le choix de Genève paur siège de la Société des Nations témoigne de lui-même en quel estime les peuples tiennent la ville natale de Jean-
Jacques: Nous sommes heureux de pouvir pré-
senler nos meilleurs vœux à Genève qui conti-
Î nuera de mériter. la confiance que lui ont accor-
dée les nations civilisées.
Nous, Serbes, avons pour {ienève une estime spéciale que nous tenons à exprimer dans le moment où (ienève devient la capitale du Monde.
Nous sommes reconnaïssanis à ‘ienève el au peuple suisse pour avoir accueilli avec tant d'hospitalité nos réfugiés qui, expatriés, erraient dans le grand monde pour trouver un abri. Nous sommes également reconnaissants à enève el au peuple suisse d’avoir réservé un accueil amical et fraternel à nos pauvres soldats blessés qui, en loques humaines, échappaient à la captivilé meurtrière.
Notre peuple paysan que caractérise la fidélité à la parole donnée et la reconnaissance pour le bien offert, n'oubliera pas non plus Genève comme. cilé de la Croix-Rouge, grâce à laquelle nos familles dispersées pouvaient apprendre si les leurs étaient encore en vie ou morts.
Nous sommes heureux que notre délégation ail appuyé par son vole le chaix de {renève et ainsi donné une marque de sa reconnaissance.
Nous désirons que ‘enëve, ville de traditions si hautes, continue de jouer le rôle éminent de son passé el répandre par sa nouvelle activité, comme siège de la Société des Nations, les htenfaits sur le monde tout enlier st assoiffé de la paix et de la tranquillité.
Vide Cenevel Vive la Suisse!
Le pape el l'agression contre la Serbie
M. René Payot publie dans le « Journal » un éno de documents qui précisent une lois de série ‘de docun FU PE L'Allemagne. Parmi plus Les intentions agressives de l'Allemagne. Far les p'èces que lui a remises M. re >ach, Dre F oovélare particulier de Kurt PBisner, ft en secrétasre particulier “de eme
re «néche du 24 juillet 1914 du Da phitier eee Le B ibre auprès du Sainiron Ritter, ministre de Bavié: pre î S'èoe, dépêche trouvée dans les arch'ves au LE mstère des alffares €lrangéres bavarois et: don
voici le ‘texte:
Le pape (Pie gque le l'Autriche
) approuve une aclion 6nei“ AE fa Serbie. Karsak père que, cétle fois, J'Autriche iienTa le coup: ui quand élle pourrait fe e ao si elfe pfélail pas même résolue Le ù d par Les armes une agita t:on étrange re LU 1 Re amené Le imeulre de l'arch'quc et qu, ui Le sl À la situation actuelle de PAuinche, me : ê r son existence. Dans |565 déclaralions, É È vèle la crainte da: Ia Curie romaine à Pégal
qu _panslaviSME. signé: Hitter. »
,
Dr Lazare MARCOVITCH, professeur à
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| L'autre jour, il y avait juste un an que së tenait le Congrès de Rome, importante réunion des nationalités opprimées d’Auiche-Hongrie, dont-.un- des principaux “sultais ut l'accord italo-yougeslave. » Nous tenons à rappeler ici les circonslänces qui précédèrent cette rèunion historique; ainsi que certains détails que ls hommes politiques italiens semblent voir trop vite oubliés. | À la suite d’un voyage entrepris à Londres ëL à Paris par un député italien, l'honorable | M. Andrea Torre, l’un des signataires de | l'accord italo-yougoslave, le gouvernement italien décida d'organiser le Congrès de Jampidoglio. L'organisation de cette imposante réunion ‘ait un témoignage manifeste de la nou“elle orientation politique italienne, la ‘léfaite de Caporetto ayant contribué à “onvaincre les Italiens du besoin et de l'intérêt qu'avait l'Italie à suivre la politique qu'elle s'était refusée à suivre jusque là, | politique d'accord et d'entente avec les | autres nationalités intéressées comme elle la destruction de la monarchie dualiste. . les sentiments dont s’inspirait cette nouvelle politique italienne furent exprimés de façon remarquable à l'ouverture du Congrès | sar le sénateur Ruffini, président du Comité alien d'organisation, représentant des importants groupes « du Fascio» de la Chambre et du Sénat. La dernière séance de Campidoglio revêtit un caractère solennel ct on y entendit des discours qui ressem| Maïent fort à un serment. pRParmitous ces discours, ce furent notamPinent ceux de M. Barzitaï et de M. Trut| bitch qui firent le plus d'impression et | soulevèrent des tonnerres d’applaudissements. Ce fut ensuite la réception au palazzo Braschi, où le président du Conseil, M. Orlando, reçut des personnalités qui avaient pris part au Congrès. Au nom du Gouvernement et du peuple italien, M. Or-
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l'Université de Belgrade
MERBDOMADAIRE
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Suisse... Gfr. — par un Autres pays. Bfr.— +
ABONNEMENT }
!: Un anniversaire oublié
lando tint à donner sa pleine adhésion aux résolutions votées à l'unanimité par je Congrès et à proclamer l'unité absolue qui devait présider dorénavant à la lutte con“daite par l'Italie et lés différentes nationalités opprimées.
Or, malgré le caractère solennel de cette réunion historique, malgré le nombre considérable des participants, parmi lesquels on comptait tant de personnages célèbres du monde politique, et bien que l'accord italo-siave auquel aboutit cette réunion ait été rendu public, après avoir été préalablement ratifié par les Comités italien et yougoslave, ce sont ces mêmes hommes politiques italiens, qui prirent! part au Congrès, qui renient en ce momet:{ leur œuvre et feignent d'ignorer l'existence même de ce Congrès.
Ainsi, M. Barzilai, ancien ministre et délégué à la Conférence, ne se gêne pas pour déclarer aux membres du Comité de la Conférence que M. Orlando « ne peut, par égard pour son pays, négocier avecles représentants d’un peuple qui a combattu l'Italie jusqu'à la dernière minute !»
Les hommes politiques italiens auront un jour à rendre compte de cette volte face subite et de cette politique qui couvre leur pays de tout autre chose que d'honneur. Car il est des hommes politiques, même en Italie, qui ont quelque respect pour Ja parole donnée et se souviennent du serment de Campidoglio. Ces hommes, tel M. Bissolati, dont le Gouvernement italien se débarrassa naguëre, car il était un témoin trop gênant, ne pardonneront pas à l'oli-
rCHTe" Vernementate d'avoir jeté Je discrédit sur l'Italie afin d'obtenir des avantages problématiques.
Quant à ceux qui, à l'étranger, voudraient encore se fier à la parole de l'Italie officielle. ils n'ont qu'à méditer la leçon du passé qu'offre l’exemple du Congrès de Campi-
doglio. M. D. M.
Il faut désarmer la Bulgarie
Les rares nouvelles qui nos parviennent. de Bulgarie ve sont pas sans jeter une vive inquiébude dans motre jeune royaunie, Les partis politiques, exception faite peut-être du parli agraire ae Siamrbolisky, rivalisent de zère pour déjouer la vigilance des troupes ailiées cantonnées en Bulgarie, et profiter des tendances pan liculères qui se wjanifesteal au sein de lEntente. Un des s'nistres personnages de la calastrophe bulgare de 1913, M. Daneff, redevient agissant @t--agporte dans l'atmosphère politique non point um espril de compréhension el de conciliation en rapport avec la situation, ms un infégraligme buigare aussi exagéré et absurde «ue l'était celui de Radogiavofi ei consorts. La politique bulgare à l'intérieur suit kon rain habituel: et n'est mullement disbosée à renoncer à ses folies. En ir ême feïups, les propagandistes bulgares se trouvant à l'étranger lont un eifoit suprème pour fe rapprocher de l'Entente el amoindrir la validité de nos droits el dé ceux de nos voisins grecs. [Is jouent toute la gamme. des senb ments potitiques depuis le républicanismie jusqu'au boïchévisme, Les socialistes se imétent aux partisans les plus lervents de Ferdinand el om voil surgir diverses ljues @t associations aux bus opposés. dont font pale Les mêmes membres et ayant surtout les mêmes chifs qui trouvent plus salutaire pour li çanse cependant, de se d'ssinuilec derrière des personnages aux noms fnironnus ei Sans importance politique.
Parallèlenrent à cette action à Fétranger. à laquelle l'argent ne manque pas, les partis politiques en Bulgarie, tenant en mains la direction des maïsts lopulaires s'apprêtent à jouer leur dernière carte. Dans les convulsions dans lesquelles l'Orient &e débat, ils voient la possibilité de réaliser leurs buts. Les nouvelles que nows récevons prouvent que le miouve-
D Rene, otre creme tement
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anent boichéviste qui a envahi la ilongrie a été accueilli avec une joie el um contentement non dissimulés, Le progrès de la marée rouge en Russie et la situation dilficile de la Roumanie sont, pour les politiciens bulgares, les présages probants d'un changenient de isituat.on à leur avanlage. Ils attendent ,avec ümipatience l'incendie général el guettent toutes les manifestalions du même genre qui se produisent en Occident. Pour que les événements ne les prennent pas à l'imlproviste, ils forgent de nouvelles armies. Peu à peu. üls réorganisent l'anmée et utilisent le peu de malériel qui leur est resté après la capitulation-pour s'armer de nouveau, On a constalé que des mjesures semblables à celles que: prennent les Aïlcmands sont prises en Bulgarie, Les préparalifs ne s'efec uent pas dans les goands centres, faeïlement access'bles air contrôlée des Alliés, mais dans Ja campagne, 0: personne ne peut les gêner, Dans des villages perdus, les canons et les fnunilions attendent un ordre d'action.
Daus le grand désarroi bolchéviste ou dans quelque autre s'tuation. comme Farrivée à l'élai aigu de notre confit avec l'Italie, qui est sûrement escomypité par les politiciens bulgares, une petite armée organisée pourrait être très utile, Les Bulgares peusent, en effet, qu’, si dieux atfaques sournoises et faites par derrière n'ont pas réussi, la dernière sürelneal ne manquera pas d'aboutir.
En altendant que les évémerents jwennent cette tournure, les Bulgares m£ restent pas inactifs. Ils utilisent les organisations revolut'onnares Les francs-tireurs irresponsables connus sous le mjoimi de comi{adjs pour des irruptions su: notre territoire. Si elles n'ont pas: un but mil'taire de grande envergure. ces irruplions son propres quand mème à créer un sentiment
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