La terreur à Paris

\ XVI PRÉFACE

des femmes en sauvant leurs maris. Ge fut, à travers la boue et le sang, un admirable élan des âmes. La Révolution abattit implacablement ses ennemis, mais elle ne les déshonora pas dans la lâcheté. C'est en plein cœur que ceux-ci en reçurent les coups. C’est pour cela peut-être que quelques-uns de leurs fils lui pardonnent.

Un des plus intéressants chapitres du livre que je signale est celui ayant pour titre : Les Salons de Paris. Ils étaient alors au collège du Plessis ou à la Conciergerie. Chassée des hôtels somptueux, l'aristocratie continuait de tenir là ses assises, sans avoir rien perdu des hautaines allures de la race, admirable vraiment dans sa revendication sans défaillance des droits de la naissance et d’une instruction supérieure. Entre les appels des condamnés, sous l’œil du guichetier, dans le sordide asile où la proscription lesavait conduits, ses fils vaincus, mais non humiliés, avaient reconstitué une société, fondé des clubs, organisé des soirées et des parties de jeux, reconstitué le monde où ils avaient vécu, comme les Troyens bannis avaient refait une Ilion.

Sous le couteau de la guillotine, plus lourd que l'épée de Damoclès, ils chantaient, dansaient, étonnaient les tourmenteurs par leur absence de