La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans
DES BIENS ECCLÉSIASTIQUES 15
Moins versé dans la science du droit, l'abbé Maur y ne discuta que superficiellemment la question de propriété, mais quels éloquents accents de justice et de bon sens il fit entendre ! « La propriété, s’écria-t-il, est une et sacrée, pour nous comme pour vous ; nos propriétés garantissent les vôtres. Si nous sommes dépouillés aujourd’hui, vous le serez à votre tour. Nos biens nous appartiennent parce que nous les avons acquis, ou parce qu’on nous les a donnés, le tout avec l’autorisation des lois. » Et après avoir insisté encore sur les conséquences de la confiscation, il termina son discours par cette adjuration : « Vous qui voulez être libres, souvenez-vous que, sans propriété, il n'y a plus de liberté, car la liberté n’est autre chose que la première des propriétés sociales 4 ! »
La question, quant au fond, avait été longuement discutée, et semblait épuisée. Il restait à l’envisager sous le côté pratique. Est-il de l'intérêt de la nation de s'emparer des biens ecclésiastiques ? car s'il est prouvé qu'il y a pour elle avantage à les laisser aux mains du clergé, la question de propriété devient inutile. Viefville des Essarts s’inquiète du résultat de l'opération qui lui paraît pleine de déception. Si aux mains de l'Etat l’administration présente les plus gros dangers et les plus grands inconvénients, combien la vente n’en pré-
1. Séance du 13 octobre 1789.