La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES 315

entraver les enchères. Cette dernière, — et non Pautre, — fit un tort immense au régime des ventes, car c’est sur quantité de districts qu’elle étendit son action.

L'exemple de l’agiotage le plus honteux,que citent à cet égard les annales d'alors, est celui relatif à l’abbaye de Vauclaire, district de Périgueux. Lorsque le Procureur général-syndic demanda la nullité de l’adjudication, il fit de l’affaire le récit dont nous extrayons les paroles indignées ci-après : « Vauclaire, sur lequel on fondait unespoir de 12 millions, a été adjugé 560 mille liv. seulement! L’acquéreur, naguère réduit à la dernière indigence, repoussé récemment de l’assemblée électorale, a créé une association formidable, composée de vils intrigants, qui, privés de toutes ressources, ont comploté de réparer les outrages de la fortune par les moyens les plus scandaleux... » Le Directoire n’hésita pas à prononcer la nullité de ladjudication.

Une autre affaire, celle concernant la vente de la terre de Vantoux, district de Dijon, donne une idée plus précise des manœuvres employées généralement alors par l’agiotage. L'enquête, ouverte par le Tribunal sur la plainte portée contre l’adjudicataire, révèle les faits suivants :

Dans un cabaret de la ville, il s'était formé, le jour de la délivrance, une coalition de tous ceux qui étaient publiquement reconnus pour spéculer sur

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