La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

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fre en était resté stationnnaire, mais la détresse du Trésor n’en avait pas moins pris d’étonnantes proportions. Le Message, adressé au Conseil des Anciens par le Directoire, en frimaire de cette année, le constate, lorsqu'il représente « les hôpitaux comme manquant de fournitures, de feu, etde médicaments: et les Etablissements hospitaliers comme étant en proie au même dénuement, et aussi comme obligés de repousser l’indigent et l’infirme ». A Lyon, les hospices regorgeaient de malades, pour lesquels il fallait dépenser annuellement 232.000 francs, et l’on était sans ressources ; dans le département de la Manche, on avait besoin de 176.000 francs pour secourir les hospitalisés, et l’on ne disposait que de 89.000 francs. Aux hôpitaux de Bordeaux, le déficit atteignait 300.000 francs, etc., etc.

La situation était d'autant plus précaire que non seulement les établissemeuts de bienfaisance ne recevaient aucun subside de l'Etat, mais que la plupart d’entre eux avaient été dépouillés de leurs immeubles dont beaucoup furent vendus comme biens nationaux ; l’hôpital de Dijon, notamment, perdit son domaine d’Orville, qui fut vendu, le 2 pluviôse an IL, plus de 310.000 livres, et celui de Thil-Chatel, dont l'Etat fit, à la même époque, 110.000 livres ; on enleva aussi à l’hôpital de Châteauneuf le domaine qui formait à peu près tout son patrimoine,