La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans
26 LA NATIONALISATION
du péril. En parlant ainsi, le rapporteur oubliait que la société, ne fournissant pas, dans ce temps de dévastations et de pillages, la protection promise, ne remplissait plus ses engagements, et qu’ainsi le pacte setrouvait rompu deson chef. De plus ilémettait une opinion trop générale, car si l’on peut déclarer punissables les citoyens qui, appelés sous les drapeaux ou soumis à des taxes ordinaires et extraordinaires, refusent de satisfaire aux prescriptions normales de la loi, on ne peut incriminer ceux qui ne sont pas astreints à ces mêmes obligations. A aucune époque de guerre ou d’invasion, en effet, dans aucun pays, ni dans la France ancienne, ni dans la Francé moderne, ni ailleurs, onn’a contraint les vieillards, les femmes et lesenfants à rester au foyer. Ne pas payer l'impôt du sang ou prendre les armes contre son pays est un crime, mais émigrer, être absent, n’en est pas un. C’est le sentiment qu'exprime, sous une forme différente, M. H. Monin, lorsque, parlant de ces hommes et de ces femmes de tous les partis et de toutes les classes, qui ont fui devant la loi des suspects, devant la guillotine, devant les coups d'Etat, et les journées, il s’écrie: « Ce ne sont pas là vraiment des émigrés, ce sont des proscrits, et il serait puéril de confondre sous la même dénomination Condé et Dulaure, le comte d'Artois et Carnot. » N'est-ce pas la même idée qui inspirera quelques années plus tard, — le