La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

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chevalier de Payen se fait maître de danse. La marquise de Buckingham, dans le magasin de modes qu’elle acréé, emploie comme ouvrières la marquise des Réaux, la comtesse de Saisseval, la comtesse de Lastic. Chateaubriand raconte qu'au début il couchait sans draps. Tellemarquise, qui a cinq jeunes enfants, sans pain et sans vêtements, est prise d’un accès de désespoir et enfermée comme folle à l’hôpital ; telle autre meurt de faim, laissant un mari paralytique, et trois enfants nus 1.

Cesruines etces tristesses, accumulées par les ventes nationales autour de la Noblesse pauvre ou riche, comme autour de la société religieuse, furent pour le monde social la cause d’une grande perturbation, dont devait profiter le Tiers-Etat. Cette perturbation porte d’abord sur la propriété foncière qui, appartenant autrefois tout entière à la classe noble, passe maintenant, sans indemnité pour celle-ci, aux bourgeois et aux paysans.

Ces derniers à proprement parler ne s’enrichissent pas, puisqu'ils paient le prix de ce qu'ils achètent,mais ils entrent dans la classe des propriétaires, et par là recueillent, au lieu et place de la Noblesse dépouillée, tous les avantages moraux et sociaux que donne en tout temps la possession de la terre.

1. H. Forneron, Histoire générale des émigrés, t. II, pp. 46 et suiv.