Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux
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Un courant détourné du ruisseau principal, Et longeant à mi-côte, atteste l’industrie Du modeste habitant, qui creusa ce canal,
Pour ses besoins divers et ceux de la prairie.
Après mille détours, le terrain s'élargit, Et de chaque côté s’éloignent les montagnes : Le pays est ouvert et la charrue agit :
Je me vois entouré de fertiles campagnes.
Un bourg est établi sur ce large plateau : Là le peuple est nombreux, la route fréquentée : Mais bientôt de ce sol, rétréci de nouveau,
La gorge entre les monts se trouve contractée.
Ici s'offre à ma vue un mur de roche à pic, Formant les deux parois de cet endroit sauvage, Rarement visité, loin des yeux du public:
Le fond en demi-cercle en ferme le passage.
Là, du haut des rochers couronnés de bouleaux, S’élance une onde claire en forme de cascade, Qui se réduit en pluie, et rassemblant ses eaux,
S'échappe en serpentant sur la verte esplanade.
Sa chute me fait voir les couleurs de l'Iris. J'aïme à rendre en marchant cette image mobile : Je circule à l’entour sur les gazons fleuris,
Qui garnissent les bords de son bassin tranquille.
Non loin, sur l’un des flancs de ce roc sourcilleux. Sort un autre ruisseau d’une grotte profonde, Qui fuyant au travers d’un terrain rocailleux,
Va chercher le premier, pour y mêler son onde,
C'est ce ruisseau commun qui poursuivant son cours, Va se rendre à la plaine où finit la colline. J'ai suivi la vallée en remontant toujours :
Dans ces rochers enfin j'en trouve l’origine.