Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux
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jes siennes et laissons les préjugés s'user par le temps, quand on ne peut pas les guérir par la raison. »
Gette tolérance dont il donnait une si belle et si juste explication, il la pratiqua toujours, et notamment à une époque solennelle de sa vie. Quand il arriva à Anvers, au début de février 1814, les habitants des faubourgs de Borgerhout et de Saint-Willebrord s'émurent. Ils vinrent, leur curé en tête, solliciter une audience de Carnot, pour lui demander d'épargner leur église et leurs habitations. On leur avait dépeint Carnot comme un farouche révolutionnaire, ancien complice de Robespierre au Comité de Salut public. Ce n’était qu'en tremblant qu'ils s'adressaient au nouveau gouverneur. Carnot les recut avec beaucoup de simplicité et de bonhomie. Il dit aux solliciteurs qu'il irait visiter lui-même les faubourgs, afin de se rendre compte de tout ce qu'on pourrait épargner. « Quant à vous, monsieur le curé, ajouta-t-il, tranquillisez-vous. J'aime le bon Dieu autant que vous et je ferai aussi tout ce qui sera possible pour ne pas démolir sa maison. » Le jour même, il se rendit dans ces quartiers, acclamé par la population. Il constata qu'il était inutile de les détruire, malgré le vote émis au Conseil de défense. Soyez certain que Carnot agit ainsi, non pas par besoin de popularité ni excès de faiblesse. IL n'obéissait qu'à des convictions militaires nettement arrêtées sur l'utilité des faubourgs dans les villes assiégées et sur les services que pourrait rendre celui de Borgerhout. Il ne l’avoua pas aux Anversois, en habile diplomate qu'il était. En échange de cette concession qu'il paraissait leur faire, il obtint d'eux les travailleurs nécessaires pour mettre ce faubourg en défense et la formation d’un bataillon pour le garder.
Quant à la liberté et à légalité, pour décrire avec