Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux
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Enfin Carnot concluait : « Valeur ! Industrie ! Toute la défense des Places est dans ces mots qui ont fait chacun le sujet d’une des deux parties de cet ouvrage. Mais pour être efficaces, il faut qu’elles agissent de concert et qu'elles ne cessent jamais de se seconder mutuellement. »
Cinq années après la publication de la première édition de ce célèbre ouvrage, Carnot allait être amené par les événements, à faire l'application de ses propres préceptes. On sait quelle fut sa conduite préservatrice à Anvers, en février 1814. Au lieu de détruire, il construisit. Mais il faut rendre à qui de droit, les premières indications données dans le sens des mesures conservatrices. C’est le maréchal de Saxe qui tenta le premier de réagir contre cette coutume barbare et souvent peu intelligente d’anéantir les faubourgs, sans que la nécessité en fût clairement démontrée. En 1746, sur le point d’assiéger Bruxelles où s'étaient réfugiés le prince de Kaunitz-Rittberg, ministre plénipotentiaire d'Autriche et beaucoup de généraux autrichiens, ïl écrivit au comte de Lannoy, gouverneur de la ville, qui avait ordonné la démolition des faubourgs, « de s’abstenir de priver Bruxelles d'un si bel ornement; que cela n'était d'aucune utilité pour les assiégés ni d'aucune facilité pour les assiégeants. » Il ajoutait qu'il avait déjà donné ce bon exemple du respect des faubourgs, en s'opposant dans la campagne précédente à la destruction de ceux de Lille.
Carnot s'est inspiré de ces idées, en s’élevant luimême avec éloquence et énergie contre la démolition des faubourgs encore universellement pratiquée. Il y substitua et préconisa un procédé de défense rapprochée, basé sur le jeu alternatif de sorties qui tendent à attirer