Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux

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moins sur les défenses éloignées? Faut-il pour cela brûler un faubourg qui souvent vaut mieux que bien des villes, et ruiner une infinité de familles ?

» Maïs voyons s’il n’y aurait pas de mesures à prendre pour que, non seulement la conservation du faubourg m'abrégeñt pas le siège, mais pour qu’au contraire elle en allongeât la durée. Je vois d’abord qu'il n’y a qu'à l'envelopper d’un rempart en terre... Les habitants du faubourg, intéressés à la conservation de leurs maisons, auront bientôt construit eux-mêmes ce retranchement, et on peut croire qu'il sera bien fait. Alors, l'ennemi attaquera ces remparts, ou les laissera subsister. Dans le premier cas, ce rempart jouera le rôle d’un camp retranché ordinaire; il faudra que l'ennemi en fasse le siège en règle, après quoi il aura encore celui de la ville à faire; ainsi, au lieu de perdre trois ou quatre jours sur la défense, on en gagnera au moins quinze. Dans le second cas, le faubourg sera sauvé et servira d’agrandissement à la place, agrandissement toujours utile aux villes assiégées, où l’on se trouve toujours trop resserré. Supposons, par exemple, une grande ville comme celle de Lille, où il y a cinq riches faubourgs : quelle perte énorme ? Et pourquoi faire? Pour retarder de quatre jours la prise de la place, on commence par faire plus de mal que l'ennemi lui-même n’en ferait... Tandis que si on avait enveloppé chacun de ces faubourgs par une enceinte, on les aurait sauvés tous, hors un, celui que l'ennemi prendra, si toutefois il en prend un; car dans ce cas, il est à présumer que, pour éviter d’avoir deux sièges à faire, il attaquera la place dans l'intervalle d’un faubourg à l’autre, et alors il tombera dans un autre inconvénient, c'est qu'il faudra qu'il chemine dans un