Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA GUERRE 269

Pichegru, avec la puissante armée du Nord; Jourdan, avec les armées des Ardennes et de la Moselle, furent victorieux à Mouscron (29 avril), Courtrai (12' mai), Tourcoing (148 mai), la Hooglède (17 juin), et enfin à Fleurus (26 juin). Ce fut la bataille décisive. Carnot avait résolu de frapper un grand coup, pour en finir, ainsi qu'il l’écrivait à Pichegru. Cinq fois, sur l'ordre de Saint-Just, on tenta le passage de la Sambre, cinq fois on échoua; mais la sixième tentative réussit; la garnison autrichienne de Charleroi serendit, et c'esten venant au secours de la place que Cobourg attaqua Jourdan. Celui-ci, bien secondé par Kléber, Marceau, Lefebvre, Championnet, fut victorieux après une lutte acharnée.

La victoire de Fleurus eut un grand retentissement en Europe. À partir de ce moment, nos succès furent rapides. Nos troupesrentrèrent en possession des places fortes que détenaient les ennemis; Jourdan et Pichegru conquirent en quelques jours la Belgique; puis les deux généraux se séparèrent, le premier pour conquérir la rive gauche du Rhin, le second pour s'emparer de la Hollande; le 20 janvier 1795, Pichegru, entouré des représentants Lacoste, Bellegarde et Joubert, entra à Amsterdam. Cette cité, dit Jomini, vit «avec admiration dix bataillons de ces braves, sans souliers, sans bas, privés même des vêtements les plus indispensables, et forcés de couvrir leur nudité avec des tresses de paille, entrer triomphalement dans ses murs, au son d’une musique guerrière, placer leurs armes en faisceaux, bivouaquer pendant plusieurs heures sur la place publique, au milieu de la neige et de la glace, attendre avec résignation, sans un murmure, qu'on pourvüt à leurs besoins et à leur casernement ».