Le Comité de salut public de la Convention nationale

290 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

rents peuples, ainsi que les beaux traits d'héroïsme.

Mais une marine ne se reconstitue pas du jour au lendemain. A la fin de 1794, Villaret-Joyeuse essaya en vain de tenir la mer; il dut rentrer à Brest. L’escadre ne fut pas plus heureuse en juin 1795, en face de l'ile de Groix; Villaret y perdit trois vaisseaux. Cependant, la croisière d'hiver avait ramené à Brest une frégate anglaise, 70 vaisseaux marchands et 1.500 prisonniers. Beaucoup de capitaines de vaisseau, parmi ceux qui avaient été récemment nommés, ne songeaient guère qu’à capturer des bâtiments marchands; à la guerre d’escadre, se substituait la guerre de course, plus lucrative, et moins périlleuse pour une marine en aussi mauvais état que la nôtre. La Convention, du reste, après le 9 thermidor, approuvait cette conduite, favorisait les armements en course et applaudissait au récit des prises faites sur l'ennemi.

XIII

En résumé, les transformations que la Révolution faisait subir à toutes chosesdevaient forcément atteindre la marine, où les abus n'étaient pas moins grands qu’ailleurs. Mais comme les forces navales d’une nation ne s'improvisent pas, et qu'il faut un temps très long pour y introduire des réformes de quelque importance, il aurait fallu n’y toucher qu'avec précaution. Etait-il possible d'attendre? C’est douteux. Le conflit entre les vieilles traditions et les principes nouveaux éclatait de lui-même. Le Comité de salut public ne pouvait pas se prononcer pour le passé. Son action sur la marine ne fut peut-être pas toujours heureuse; mais il est permis de penser qu'il a tiré le meilleur parti possible de la situation créée par les hommes et les circonstances.