Le Comité de salut public de la Convention nationale

CONCLUSION 34

que : « Ceux qui ont donné l’idée la plus haute du Comité de salut public, ce sont ses ennemis, de Maiïstre, Mallet du Pan, Jomini. À travers leurs haines, quelle admiration pour ce prodige de force ! Le due de Brunsvick fit plus, il se démit devant ce pouvoir qu'il jugea invincible après l'avoir bravé. »

Les appréciations portées depuis par la plupart des historiens, des philosophes ou des hommes d'Etat ne sont pas moins unanimes. Nous ne citerons que celle d’Auguste Comte : « Alors surgit, à travers les nuages métaphysiques, l’admirable conception du gouvernement révolutionnaire, instituant une dictature comparable à celles de Louis XI, de Richelieu, de Cromwel et même de Frédéric. Tout en dirigeant avec une irrésistible énergie la défense républicaine, elle compléta l'abolition de la royauté par l’élimination des débris qui s’y rattachaient (1). »

Ce qui ressort de ces jugements émanant de personnages si divers, c’est que le Comité de salut public fut un véritable gouvernement aux allures dictatoriales, une création à la fois nécessaire et heureuse.

Obligés de défendre l'indépendance de la nation et l'intégrité du territoire, les Droits de l’homme dont ils étaient les dépositaires et leur propre existence, les hommes dela Révolution concentrèrent tous les pouvoirs entre leurs mains et les exercèrent à l’aide de comités qui annihilèrent bientôt l’action des ministres et celle du roi. C’est ainsi que la Constituante ellemême, que tous ses principes poussaient à la décentralisation et à la distinction des pouvoirs, s’engagea dans

(1) Système de politique positive, tome HT, page 599. — « Une haine aveugle envers le passé, dit-il encore, était alors indispensable pour sortir énergiquement de l’ancien régime. »