Le Comité de salut public de la Convention nationale
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aussi nettement que celle de la veille le pouvoir exécutif à la Convention. Le ministère subsiste encore. Mais ce n’est plus qu'une ombre, une apparence vaine, au moyen de laquelle l'Assemblée cherche à cacher aux autres, et peut-être à se dissimuler à elle-même, l’exacte réalité. Le Conseil exécutif n'était-il pas supprimé en _fait par la création à côté delui, — ou plutôt au-dessus de lui, — d’un comité de neuf membres qui le surveille, délibère en secret, suspend ses arrêtés et l’astreint à faire exécuter les mesures de défense générale qu’il prend ?
Le décret du 6 avril 1793 est le couronnement d’une série d'essais de plus en plus perfectionnés et qui ont commencé avec la Révolution elle-même, dans le sens du gouvernement direct d'une Assemblée. Rappelons les étapes parcourues. Dès juillet1789,l Assemblée constituante crée le Comité des recherches ; en 1790, elle s'empare d'une des principales attributions de la souveraineté, la direction des affaires étrangères par l’institution du Comilé diplomatique; en 1791, lors de la fuite du Roi, elle met hardiment la main sur la puissance exécutive. En 1792, l’Assemblée législative établit la Commission extraordinaire, qui, reconstituée, en 1793, par la Convention, sous le nom de Comilé de défense générale, avec mission de seconder les ministres, devient, trois mois après,le Comilé de salut public, qui les supprime en fait pour donner tous les pouvoirs à la Convention. Le terrible Comité n’est donc pas une création inopinée, fortuite, accidentelle. Il sort des entrailles de la nécessité.