Le drapeau du 27e régiment d'infanterie
32 LE DRAPEAU DU 21° DE LIGNE
est renseigné sur la marche de l’archidue par un aérostat qui domine le champ de bataille; il détache sur-le-champ la brigade de droite de Hatry, le bataillon du 27° en tête, au secours de Lefèvre, et celui-ci peut achever son changement de front. A ce moment précis, l'ennemi, maitre enfin de Lambussart, tente de tourner le village par la droite pour rejeter dans la Sambre les restes de la division Marceau. Mais d’un côté quelques compagnies, embusquées dans le bois, y résistent à tous les assauts ; de l’autre, nos bataillons barrent la route aux colonnes autrichiennes, qu'ils tiennent sous leur feu meurtrier. Trois fois, au milieu d’une canonnade éclatant à portée de fusil, elles reviennent à la charge, mais les braves de Lefèvre et de Hatry ne se laissent pas entamer. Un instant on peut craindre que la panique s'empare de nos troupes ; le camp est incendié, les bombes ennemies font sauter les caissons de poudre au milieu de nos réserves, jonchant le sol de sanglants débris; en même temps les champs de blé mûr, s'enflammant tout à coup, font paraître la division Lefèvre comme perdue dans cette fournaise. Mais le courage des républicains va croissant avec le danger. Le mot énergique de leur général: « Mes enfants, point de relraile, aujourd'hui! » est mille fois répété, et la résistance de ces braves permet à la seconde brigade de réserve, accourant de La Ransart, de donner à toute notre ligne un élan qui force les Impériaux à abandonner le village en y laissant quinze pièces d'artillerie.
Pendant cette lutte héroïque, quelques escadrons autrichiens avaient pénétré, le long dela Sambre, jusqu'aux portes de Charleroi ; mais on les reçut à coups de canon, et ils revinrent, à bride abattue, rapporter au prince de Cobourg la première nouvelle de la reddition de la place. Ce fut un coup de foudre pour les généraux ennemis, qui ne livraient bataille que pour nous prendre entre deux feux. Aussitôt l'ordre de la retraite immédiate