Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

16 LE GÉNÉRAL DUPHOT

sans armes, sans vivres, sans souliers, n'ayant « que leurs ongles et leurs dents pour se défendre (1) ». Aussi, renonçant à ses projets d'offensive immédiate, Dugommier comprit que son premier devoir était de mettre à profit les loisirs que lui laissaient les Espagnols endormis dans leurs quartiers d'hiver au camp du Boulou, sur le Tech, pour réorganiser son armée. Les deux célèbres conventionnels Milhaud et Soubrany venaient d'arriver à Perpignan avec mission d'instaurer la Terreur dans le département. Un échafaud dressé par leurs soins au milieu du camp français et dont le couperet finit par s'user sur le cou des victimes (2) eut vite rétabli la discipline. L'intelligente activité de Dugommier fit le reste. Dès le mois de mars, 1l se trouvait à la tête d’une véritable armée, imposante et solide. Il

disposait de 27,000 fantassins et de 900 cava-

(1) Lettre de Dugommier au ministre de la guerre du 1e février 179%. (Archives historiques de la guerre.)

(2) « L'exécuteur nous a demandé un tranchant à cause que celui dont il se sert est ébréché », écrit le Département à l'agent national le 4% avril. (Fonseires, Perpignan pendant la Révolution, t. II, p. 322.)