Le Général Moreau (1763-1813)

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sa relation, cela va sans dire, est laudative et enthousiaste à l'excès. Nous lui empruntons plusieurs des faits que nous allons exposer.

Tout d’abord, le célèbre proscrit satisfit une curiosité bien naturelle, en visitant le pays qui lui servait d'asile, cettecontrée alors si neuve, si propre à frapper l'imagination des hommes de l'ancien monde. Il contempla les cataractes renommées du Niagara, il descendit l'Ohio et le Mississipi ; il pénétra dans les solitudes sauvages, d’une majestueuse beauté, décrites depuis peu, avec tant d'éclat et de poésie, par l’harmonieux et mélancolique chantre d'Afala. Enfin, il se fixa aux bords de la Delaware, où il acheta une jolie maison de campagne à Morisville. La pèche et la chasse devinrent ses exercices favoris. Le soir,on le voyait revenir, avecun serviteur nègre, sur un bateau chargé du poisson et du gibier pris dans la journée.

Il avait coutume de passer l'hiver à New York. L'amertume de son exil était adoucie par la compagnie de sa femme et de sa fille. Des gens de toutes les opinions, de tous les